1. Les conditions de construction en milieu urbain

L’espace étant clos par des murailles, donc restreint, il est  limité par la configuration des lieux, mais présente des  avantages sur le plan de la sécurité des habitants, protégés par les remparts.

2. L’urbanisme médiéval

Le parcellaire était découpé en lanières perpendiculaires à l’axe de la rue ; les parcelles étaient étroites et relativement longues, ce qui implique un plan particulier pour les habitations. Les maisons étaient construites en profondeur « avec pignon sur rue » et comportaient un ou deux étages sur rez-de-chaussée. Les combles étaient  souvent utilisés (stockage ou autre).

3. Les demeures urbaines

Les matériaux employés étaient simples : une ossature en bois (chêne pour la structure, châtaignier pour les charpentes) constituait le squelette de la maison. Si le chêne constituait l’essence la plus fréquemment mise en œuvre, on trouve dans certaines régions, en fonction de la végétation locale, peuplier, tremble, orme, mais aussi des résineux tels pin, sapin, épicéa et mélèze. Les feuillus devaient être coupés en hiver, pour être hors sève, tandis que les résineux pouvaient être abattus à tout moment de l’année.

Les murs latéraux étaient en pierres, granite ou schiste en Bretagne, mais ailleurs on trouve de la craie, de la meulière, parfois du silex, etc. Les façades étaient faites de matériaux légers (pisé ou torchis, mélange de terre, de paille plus ou moins additionné d’eau, parfois sur clayettes de merisier – bois imputrescible). Les couvertures le plus souvent en ardoises locales (peut-être également en chaume et, dans certaines régions, en bardeaux de bois) avaient une forte pente. Les fermetures étaient  réalisées par panneaux de bois (portes, volets, échoppes) et le vitrage (selon les époques, en vessies de porc ou en vitres) permettait de mettre hors d’eau et hors d’air.

Les techniques de construction étaient également d’une grande simplicité : on commençait par les fondations (rectangulaires) et un solin de pierre, puis l’édification des deux murs latéraux ; ensuite venait la construction d’une carcasse de bois, puis le bouchage des interstices en matériaux légers. Les percements étaient inscrits entre les poteaux verticaux, enfin la couverture en matériaux étanches.

En raison de l’étroitesse de la rue, qui  gênait les manœuvres, les poutres utilisées n’étaient longues que de deux ou trois mètres (la hauteur d’un étage). L’utilisation de poutres plus longues (jusqu’à sept mètres) n’était concevable qu’en milieu rural (exemple : le manoir de Saint-Georges de Livet, en Pays d’Auge, en Normandie, dans le département du Calvados).

4. Intérêt de ce type de construction

Les avantages étaient nombreux : rapidité du chantier,  matériaux pris sur place, prix de revient relativement peu élevé, facilités d’entretien, bonne isolation thermique et phonique, possibilités d’encorbellements, donc gain de place, pas de ruissellement d’eau de pluie, éléments de l’ossature faciles à changer, pas de pièces métalliques (assemblages par chevilles de bois), nombreuses possibilités de fenêtres en façade et possibilités importantes de logement.

Par contre, il y avait aussi quelques inconvénients : risques d’embrasement (matériaux inflammables), en cas d’incendie propagation rapide des flammes, les encorbellements entraînaient le rétrécissement de la rue d’où l’obscurité dans la rue, risques sanitaires, faibles résistance et durabilité des matériaux, nécessité de refaire les murs tous les 20 ou 25 ans.

Des remèdes existaient : dès le XVIe siècle, certaines villes ordonnèrent l’interdiction des encorbellements et imposèrent un enduit sur les façades ou un bardage d’ardoises sur les façades, de façon à minimiser la propagation des incendies. Au XVIIIe siècle, les constructions durent être en pierres uniquement.

 5. Utilisations et affectations des constructions

Ce type de construction était en parfaite adéquation avec le milieu urbain : le rez-de-chaussée était le lieu de travail et de vente (local artisanal et échoppe), le premier étage abritait la  résidence du maître et l’étage supérieur servait de résidence aux domestiques (gens de maison et compagnons de travail). Enfin, les combles servaient au stockage des vivres et fournitures.

Quelques maisons, plus riches, étaient édifiées entièrement en pierres. On en trouve encore quelques exemples à Cluny (Saône-et-Loire), Figeac (Lot), à Lyon (Rhône), Espalion (Aveyron), Beauvais (Oise), Saint-Gilles (Gard), Provins (Seine-et-Marne), Sarlat (Dordogne) et bien d’autres localités.

Consulter

Garrigou Grandchamp (Pierre). – Demeures médiévales. Cœur de la cité. – Paris, éditions Rempart/Desclée de Brouwers, 1999. – In-8o, 128 p., ill. (Collection « Patrimoine vivant »). Acheter le livre