Le passage du troc à l’économie monétaire fut un phénomène sociologique complexe. Lorsque les échanges devinrent continus, la monnaie traduisit des relations de valeur. Bien que connu et travaillé très tôt dans la préhistoire, l’or n’a pas été la première matière monétaire métallique utilisée. Il servit d’abord à l’ornementation. Plus abondants, l’argent et le cuivre servirent de monnaie, après l’orge (en Mésopotamie) ou le bétail.
Vers 1.500 av. J.-C., à Troie, en Crète, à Mycènes, on trouve des disques métalliques estampillés. Ce fut seulement à la fin du VIIe siècle avant notre ère qu’apparurent des effigies de souverain garantissant la valeur officielle de la pièce destinée à circuler, dans les cités grecques d’Asie mineure, puis en Grèce.
Les petits royaumes barbares créés aux Ve et Ve siècles, frappèrent de plus en plus de « petite monnaie » et utilisèrent plus d’alliages que d’or, devenu plus rare et plus cher. Après Charlemagne, on cessa de frapper l’or. Le denier d’argent devint l’unité de référence : il valait un douzième du sou d’or (lui-même valant un vingtième de la livre d’argent). Du IXe au XIIIe siècle, des dévaluations successives affaiblirent la monnaie et l’on payait par compensation, sans déplacer de monnaie. Sauf exceptions, on ne frappait plus d’or, que l’on n’utilisait que dans les mondes byzantin et musulman.
Tant que Byzance contrôla les mines de Nubie (Haute-Égypte), elle fut en mesure de frapper des « solidos » (ou « nomisma ») d’or. En 694, le calife Abd-el-Malik fit graver des pièces d’or avec des phrases du Coran, les « dinars » (avec des sous-multiples d’argent, les « dirhems »). L’or provenait des pillages, des mines de Nubie et, par caravanes, des paillettes des rivières du Soudan et du Ghana. L’Europe ne produisait que très peu d’or. Donc les Européens en cherchaient jusque dans des contrées lointaines.
Après la découverte (1492), puis la conquête (à partir de 1510) du Nouveau-Monde, tout changea : Les Espagnols s’emparèrent de grandes quantités de métaux précieux, qu’ils rapportèrent en Espagne (malgré les pirates et corsaires français et anglais) à l’aide d’une puissante flotte de galions. Une reprise économique eut lieu alors en Europe alimentée par l’afflux de métal.
Consulter
Lepidi (Jules). – L’or. – Paris, Presses Universitaires de France, 1958. – In-8o, 128 p. (Collection « Que Sais-Je ? », no 776).