Les membres de la noblesse étant exemptés d’une grande partie des impositions, il convenait de déterminer, avec une certaine précision, qui était noble et qui ne l’était pas.

Périodiquement, le roi organisait une opération de « réformation » (décompte exact) de la noblesse, mais les résultats n’étaient pas toujours très sûrs. Ainsi, en 1426 (Charles VII, 1422-1461), puis en 1513 (Louis XII, 1498-1515), des « réformations » eurent lieu, mais les vérifications effectuées à la suite des déclarations des personnes se présentant comme nobles ne furent pas véritablement probantes. Les contours de la noblesse restaient flous.

Les réformations précédentes étant considérées comme peu fiables, Louis XIV (1661-1715) décida de les reprendre avec plus d’efficacité. En 1664, Colbert élabora un grand programme de redressement financier. Parmi les mesures envisagées, figurait la reprise de la réformation de la noblesse. De 1664 à 1668, il promulgua 17 ordonnances précisant les modalités du dénombrement de la noblesse dans les diverses provinces du royaume.

En Bretagne, l’opération fut menée par une Chambre du parlement de Bretagne et s’étala de 1668 à 1671. Les personnes se prétendant nobles devaient, en présentant leur généalogie, prouver une vie noble sur plusieurs générations (minimum 4). Cette Réformation de 1668 fut conduite très sérieusement et sévèrement : au final, on compta plus de « déboutés » que de « maintenus ». Non seulement l’opération avait un objectif fiscal, mais elle constitua aussi une mesure de politique sociale et d’ordre juridique.

La réformation mise sur pied par Colbert qui avait pour objet le contrôle des exemptions fiscales permit de faire rentrer dans les caisses royales les arriérés d’impôts de tous ceux qui ne furent pas reconnus comme nobles (avec « seize quartiers de noblesse ») et de stabiliser (et d’isoler) la noblesse de France. L’usurpation de la noblesse était un délit, passible d’une forte amende. A partir de 1729, ce fut le Parlement de Bretagne qui eut l’exclusivité de juger les causes de noblesse dans la province.

La Réformation de la noblesse de Bretagne de 1668 était conservée dans les archives du Parlement de Bretagne, qui furent brûlées par les révolutionnaires en 1792. Des copies partielles se retrouvent dans différents dépôts d’archives, et sont recensées par le site Répertoire breton, tandis que le site Tudchentil transcrit et publie toutes les copies d’arrêt qui sont retrouvées par ses bénévoles.