Selon une périodicité régulière, fixée par la coutume locale, les nobles de chaque province devaient se présenter en armes, en un lieu précisé à l’avance, accompagnés de leurs hommes d’armes (écuyer et autres mercenaires), afin de procéder à la « montre » (revue de détail) des hommes et équipements que chaque vassal devait à son suzerain. Tandis qu’une « réformation » est un contrôle de l’état de noble et des privilèges liés à cet état, une « montre » est une revue et un recensement de la noblesse.

Les nobles sont rassemblés par paroisse et en armes. Contrôler l’état de l’équipement militaire des nobles d’une province constitue le but principal. Chaque noble doit être équipé en fonction de critères qui dépendent de son rang et de sa fortune. Des exemptions sont possibles, mais les nobles défaillants s’exposent à de lourdes sanctions.

Ce fut le roi Jean II le Bon (1350-1364) qui institua les montres. Constatant que le royaume abondait en gens de guerre, mais qu’ils n’étaient pas forcément bien équipés ni disciplinés, il souhaita « encadrer au service de l’État l’immense fourmillement des gens de guerre soldés ». En effet, certains se présentaient en plusieurs compagnies (pour toucher plusieurs soldes) ou se transformaient en pillards pendant les trêves, ou encore fuyaient lors des batailles. Le roi voulait donc éviter le gaspillage des deniers du trésor royal.

L’ordonnance du 30 avril 1351 créa une véritable armée royale : les soldes furent augmentées, les « montres » (revues) instituée, les troupes contrôlées. Chaque combattant devait faire partie d’une compagnie, sous les ordres d’un capitaine, lui-même responsable de la tenue et de la disponibilité de ses troupes, qui doit rendre des comptes au connétable (chef de l’armée) et aux maréchaux. Les chevaux devaient être marqués (pour éviter la fraude et leur présentation en plusieurs endroits différents) et les soldes étaient versées à vue, à l’issue de la montre. Lors de la fameuse montre du 20 janvier 1370, ce fut Du Guesclin en personne qui passa les troupes en revue.

En Bretagne, une ordonnance du duc Pierre II de 1450 détaille l’équipement requis à fournir par chaque paroisse pour les décennies suivantes. Des montres furent organisées en 1477, 1536 et 1562, puis en 1678, pour l’ensemble du duché. La liste des participants est connue pour une montre, tenue à Vannes en 1492 Voir en ligne. En 1481, une montre rassembla les nobles de l’évêché de Cornouaille Voir en ligne.