Les membres du « Premier Ordre du royaume » jouissaient de privilèges importants depuis les premiers temps de l’Église. Sans cesse augmentés, ils ont permis aux institutions ecclésiastiques d’être à la tête d’une fortune mobilière et immobilière considérable à la veille de la Révolution.
Privilèges d’immunité administrative
Quoique sujets du roi, les membres du Clergé n’entendaient obéir en priorité qu’à leur seule hiérarchie. Le clergé séculier prenait ses instructions des évêques et archevêques et, au-dessus du pape et des conciles. Les moines n’obéissaient qu’à leur supérieur local (le Père Abbé ou la Mère Abbesse), puis au Supérieur général de leur Ordre, le plus souvent résidant dans un monastère à Rome. Certains ordres étaient exonérés de l’autorité épiscopale et ne relevaient que du Saint-Siège (par exemple, les Jésuites).
Au XVIIe siècle, une grave controverse éclata entre les partisans de l’obéissance au roi, les « Gallicanistes » et ceux qui n’entendaient obéir qu’au pape, les « Papistes » ou « Ultramontains ».
Privilèges judiciaires
Tout ecclésiastique, quel que soit son forfait, ne pouvait être jugée que par ses pairs, à l’exclusion de toute juridiction constituée de roturiers. Les clercs étaient donc justiciables des tribunaux épiscopaux, appelés « officialités ». Lorsqu’un clerc était jugé coupable et condamné à la peine capitale, il était alors remis à la justice civile ordinaire, pour exécution. On disait qu’il était remis « au bras séculier ».
Bénéfices financiers
Les « Bénéfices » (revenus annuels) des cures et abbayes, dont une partie seulement était reversée à Rome, étaient considérables : au produit des quêtes, lors de l’office dominical, il convient de rajouter le « casuel » (produit de la délivrance, tarifée, des sacrements de baptême, mariage, extrême-onction, communion). Les biens fonciers et immobiliers, généralement donnés par de généreux bienfaiteurs, étaient souvent considérés comme exonérés d’impositions diverses, ce qui augmentait encore la richesse de l’Église.
Les privilèges du clergé ont été abolis dans la célèbre séance de l’Assemblée nationale constituante, dans la nuit du 4 août 1789, tandis que le statut du clergé a été modifié par la Constitution Civile du Clergé, votée le 12 juillet 1790.