Tandis que les moines s’adonnaient aux travaux intellectuels et à la prière, les tâches domestiques nécessaires à la vie quotidienne de la communauté étaient accomplies par des personnages ayant un statut particulier, les frères lais, également appelés frères convers. Dans les établissements féminins, on parlait de sœurs laies ou de sœurs converses.
Selon certains auteurs, ces frères lais apparurent au XIe siècle et auraient été fondés par saint Jean Gualbert, au monastère de Vallombrosa (en Italie), vers 1038, mais cette affirmation est controversé et d’autres pensent qu’en fait, ils firent leur apparition un peu plus tôt, vers l’an 1.000. Ils se répandirent assez vite, mais tout dépendait de l’Ordre religieux auquel ils étaient rattachés :
- chez les Bénédictins, si tous les moines n’étaient pas obligatoirement prêtres, tous étaient astreints au travail manuel ; mais, au XIe siècle, le temps consacré à l’étude et aux travaux de copiste augmenta sensiblement, de sorte qu’il devint nécessaire de confier les tâches domestiques à d’autres bras.
- dans l’Ordre de Cluny, on préféra utiliser des serviteurs payés.
- chez les Chartreux, les Cisterciens et les moines de l’Ordre de Grammont, on eut recours à des frères lais en grand nombre.
- en Angleterre, on rémunéra des serviteurs.
Généralement issus des classes laborieuses, les frères lais étaient des personnes pieuses, désireuses d’apporter leur contribution à la communauté, mais incapables d’étudier pour atteindre le niveau de moine, auquel sera demandé, selon sa règle, de se livrer à des travaux intellectuels (étude des textes sacrés, copie de manuscrit, etc.). Bien que membres de leur Ordre, ils formaient une catégorie séparée des moines, dont ils se différenciaient par leur vêtement : les frères lais cisterciens portaient une tunique brune et non blanche, certains portaient un chapeau au lieu d’un capuchon.
Les tâches des frères lais
Toutes les communautés religieuses se devaient de vivre en autarcie : il était donc indispensable de se livrer à des travaux agricoles (exploitation des terres, culture du potager et du verger, gestion des poissons des étangs et rivières, de la basse-cour, des animaux), domestiques (cuisine pour les moines et les convers, nettoyage des locaux, entretien des bâtiments, etc.) et, souvent, artisanaux (confection de fromages, de pâtes de fruits, des liqueurs… tout ceci étant commercialisé au profit de la communauté). Fréquemment excellents artisans, ils s’avéraient également, parfois, bons administrateurs.