Pendant des siècles, les Européens ont mal maîtrisé les longitudes, par méconnaissance des mathématiques, de la géographie et de la cartographie. Puis les connaissances s’améliorèrent : à partir du XVIe siècle, les progrès furent plus rapides. En découvrant un nouveau continent, l’Amérique, on comprit la rotondité de la Terre. On apprécia mieux les distances. Les travaux des mathématiciens du XVIIe siècle (le Français René Descartes (1596-1650), le Hollandais Christian Huygens (1629-1695) et l’Anglais Isaac Newton (1642-1727) favorisèrent le développement de la cartographie.
On imagina les méridiens et la division du globe terrestre en zones. Longtemps les Anglais se fondèrent sur le méridien de Greenwich, tandis que les cartographes français tenaient pour celui de Paris. Depuis la fin du XIXe siècle, le Temps Universel se fonde sur Greenwich et le globe est divisé en 24 fuseaux horaires, l’heure n’étant pas la même partout à la fois. Théoriquement rectilignes, ces fuseaux tiennent compte des frontières des états mais, dans des pays immenses, des particularités géographiques ont été utilisées comme limites. Quelques anomalies subsistent dans le tracé exact des fuseaux horaires.
Le méridien de Paris fut défini par les savants mathématiciens de l’Académie le 21 juin 1667. En ce jour de solstice d’été, ils tracèrent sur le sol une section de ce méridien et les directions perpendiculaires ; le point obtenu fut l’emplacement de l’Observatoire de Paris. Mais ce ne fut qu’en 1718 que le cartographe du roi Jacques Cassini (dit « Cassini II », 1677-1756) acheva la mesure de la méridienne de la France, indispensable pour l’élaboration de la première véritable carte du royaume qui soit exacte sur le plan de la géodésie. Longtemps, les géographes et mathématiciens anglais et français se disputèrent pour faire reconnaître « leur » méridien comme base du système mondial. Lors de la conférence internationale de Washington, en octobre 1884, le méridien anglais, dit « de Greenwich » (observatoire situé dans la banlieue de Londres) fut reconnu pour définir la longitude 0°. Précisons que, pour obtenir satisfaction, les britanniques avancèrent deux arguments : en premier, ils firent observer qu’aux antipodes de Greenwich, il n’y avait que peu de terres habitées ; en second, ils firent la promesse d’adopter le système métrique en échange de l’acceptation par la France d’utiliser le méridien de Greenwich. Vu le peu d’empressement du Royaume Uni pour l’usage du système décimal, le gouvernement français traîna des pieds : on attendit la loi du 9 mars 1911 pour adopter définitivement le méridien de Greenwich, situé 2° 20’ 14’’ plus à l’ouest que celui de Paris.