Considérée comme un entrainement à la guerre par les Assyriens, la chasse à courre est pratiquée depuis l’Antiquité, mais c’est surtout au Moyen Âge qu’en Europe elle est devenue une activité courante et essentiellement pratiquée par la noblesse. Des miniatures du XVe siècle montrent très bien le déroulement de ce type de chasse.

Le duc de Normandie, roi d’Angleterre, Guillaume le Conquérant appréciait particulièrement la chasse à courre, dont il avait fait son divertissement favori. Les nobles de toute l’Europe médiévale se sont livrés sans retenue à ce type de chasse, celle-ci représentant une marque de haut rang, en raison de la prétendue noblesse du geste.

En France, François Ier (1515-1547) développa la chasse à courre et la transforma en « art de vivre » pour la noblesse. En 1526, il promulgua un édit régissant la police de la chasse, le « noble déduit » (ou règle de la grande vénerie).

La chasse à courre, autrement appelée « vénerie », consiste à poursuivre un animal sauvage (le « gibier ») à l’aide d’une meute de chiens courants, encadrés de veneurs et d’un équipage à cheval, jusqu’à épuisement et mise à mort.

Le gibier comprend deux catégories :

  • la « vénerie à cheval» chasse les cervidés (cerf, chevreuil) et le sanglier,
  • la « vénerie à pied» concerne les lièvres, renards, lapins et autres petits animaux.

Un « équipage » est une entité qui dispose d’un territoire de chasse, de plusieurs chevaux, d’une meute de chiens et de serviteurs (veneurs et piqueur). Les chiens les plus souvent utilisés pour la chasse à courre sont de races sélectionnées à cet effet :

  • beagle (excellent pour chasser le chevreuil)
  • brachet allemand (pour les cervidés)
  • cocker anglais
  • épagneul breton
  • fox terrier
  • golden retriever
  • griffon korthals
  • setter anglais
  • jagt terrier allemand (pour la chasse au sanglier)
  • grand bleu de Gascogne

Au Moyen Âge, on chassait souvent l’ours et le sanglier. La chasse à courre s’est plutôt orientée vers la chasse aux cervidés à partir de la Renaissance (cerfs et daims dans les forêts de Sologne et autour du château de Chambord).

Les instruments de communication, au cours d’une chasse à courre, sont la trompe de chasse et le cor de chasse, tous deux en cuivre, accordés en ré pour la trompe et en mi bémol pour le cor. Les cors et trompes se distinguent par le nombre de leurs enroulements (entre un et demi et jusqu’à trois pour la « trompe d’Orléans ») et la longueur de leur tuyau de cuivre.

Les sonneries sont désormais réglementées et connues de tous.

  • La vue lorsque la proie est repérée.
  • Le bien-aller, lorsque l’animal est poursuivi par la meute.
  • La bonne voie, sonnerie pour remettre les veneurs sur la piste.
  • Le débucher, lorsque la proie sort des bosquets.
  • L’allali est une sonnerie pour annoncer la mise à mort de l’animal.
  • La curée annonce la cérémonie finale du dépeçage de la bête abattue.
    • L’animal est dit coiffé, s’il est tué par les chiens.
    • Sinon, il est servi (tué par un veneur, souvent le piqueur).
  • Le taiaut sonne la fin de la chasse.

Lors de la curée, les abats encore chauds sont immédiatement abandonnés aux chiens, pour s’en rassasier (et les habituer davantage au goût du sang, en prévision pour les chasses futures). Au Moyen Âge, le gibier ainsi capturé faisait partie des mets les plus fins servis à la table des seigneurs.

Par suite de l’évolution de la société et du développement des idées philosophiques, au XVIIIe siècle, la chasse à courre perdit un peu de son aura ; les « esprits sensibles » se devaient de s’opposer au massacre inutile d’animaux sans défense. La sensibilité finit par l’emporter, dans de nombreux pays européens et de nombreuses personnes s’élevèrent contre la cruauté de ce type de chasse :

  • dès 1777, la Norvège cessa les chasses à courre (en même temps que le Danemark ; les deux pays étaient alors unis),
  • l’Allemagne l’interdit en 1982,
  • la Belgique, en 1995,
  • l’Écosse, en 2002,
  • l’Angleterre, en 2005,
  • le Pays de Galles, en 2005.

En France, la chasse à courre reste autorisée dans 67 départements, mais fait l’objet d’opposition de la part d’individus et d’associations qui militent avec véhémence pour son abrogation.