Ouvertures dans la maçonnerie destinées à éclairer et aérer les demeures, les fenêtres ont été inventées très tôt par l’homme : certains habitats troglodytes sont dotés de tels percements.
Dans l’Antiquité, les fenêtres apparurent dans les riches demeures crétoises (Palais du roi Minos, à Cnossos), mais les maisons romaines (domus, en latin) ne disposaient pas de fenêtres ; elles étaient éclairées par de larges baies ouvrant sur une pièce centrale, dénommé atrium. Il n’y avait aucune fenêtre donnant sur la rue, la seule ouverture était la porte.
Dans les châteaux et forteresses du Moyen Âge, les ouvertures donnant sur l’extérieur de la muraille étaient très étroites (meurtrières) pour des raisons de sécurité. Par contre, les fenêtres donnant sur la cour intérieure pouvaient être plus larges, afin d’assurer l’éclairage et laisser entrer un peu de chaleur du soleil . Certaines fenêtres étaient munies de bancs (dénommés « coussièges »), sur lesquels les femmes pouvaient s’asseoir à la lumière pour se livrer à des travaux domestiques (couture, broderie, tapisserie…).
Afin d’éviter l’entrée du froid, en hiver, et les courants d’air, toute l’année, on ressentit très vite le besoin de clore ces ouvertures, tout en laissant passer la lumière. Dans les premiers siècles du Moyen Âge, on utilisait des vessies de porc, fixées hermétiquement sur une huisserie rudimentaire, système relativement efficace contre la circulation de l’air, mais peu translucide. Au XIIIe siècle, on commença à garnir les fenêtres de petits carreaux (environ 15 à 20 cm de côté) de verre. Ces vitres primitives étaient formées de pâte de verre mise à plat de façon concentrique. Vers le XIVe siècle, les plus riches demeures utilisèrent de plus en plus fréquemment des vitraux, souvent armoriés aux couleurs de la famille, procédé de toute évidence bien plus onéreux.
Au temps de la Renaissance, à l’imitation des modes architecturales venues d’Italie, les résidences seigneuriales devinrent plus confortables et agréables à vivre. On élargit sensiblement les fenêtres, qui se virent dotées de séparations verticales (meneaux), au milieu de l’ouverture et de séparations horizontales (linteaux) au 2/3 de la hauteur. Chaque fenêtre était ainsi divisée en quatre.
Au XVIIe siècle, les fenêtres devinrent plus hautes et relativement un peu plus étroites et, au XVIIIe siècle, les linteaux devinrent courbes. Au siècle suivant, les maisons en pierre se multiplièrent et les linteaux redevinrent rectilignes et horizontaux, de même que les fenêtres furent percées moins nombreuses, mais hautes et moins larges. Par contre, l’architecture du XXe siècle affectionna les larges baies, destinées à faire rentrer abondamment la lumière naturelle et, souvent, à profiter de la vue sur un site touristique agréable. Il convient de préciser que les matériaux des huisseries (bois et désormais métal ou PVC) et des vitrages (verres perfectionnés et variés) avaient considérablement évolué et autorisaient des prouesses techniques jusqu’alors impossibles.
Si, dans les campagnes, les demeures des paysans ne disposaient que d’un petit nombre de fenêtres, dans les villes médiévales, les maisons des commerçants et artisans possédaient, en façade, donnant sur la rue, des fenêtres plus nombreuses car situées entre les poutres verticales qui constituaient l’armature de l’édifice. Au rez-de-chaussée, les étals des artisans, largement ouverts à tout vent pour des nécessités commerciales, laissaient pénétrer la lumière, en même temps que les miasmes de la rue.
En raison de la nécessité d’aérer périodiquement les logements, les huisseries (en bois uniquement à cette époque) se perfectionnèrent et on mit au point des fenêtres ouvrantes (à simple ou double battant). Afin de les clore la nuit, pour éviter toute intrusion, on inventa des mécanismes de fermeture, généralement des tiges métalliques pivotant sur un axe et munies de crochet venant se fixer dans une encoche ou dans un fermoir également en métal. Ces différents mécanismes portaient un nom en fonction de leur provenance : « à l’espagnole », « à la crémone », etc.
La loi du 4 frimaire de l’an VII (= 24 novembre 1798) institua une « taxe sur les portes et fenêtres ». En raison du fait que le nombre de percements (portes et/ou fenêtres) était considéré comme un « signe extérieur de richesse », cette taxe frappait toutes les ouvertures, même les plus petites, comme un œil-de-bœuf ou une imposte ajourée. En conséquence, de nombreux propriétaires s’empressèrent de faire disparaître les linteaux et meneaux qui divisaient harmonieusement leurs fenêtres ou d’en obturer tout ou partie, afin de réduire ce nombre. Ces transformations malheureuses (mais anti-fiscales) eurent pour effet de dégrader l’aspect esthétique extérieur de nombreuses demeures et d’altérer les conditions d’hygiène et de salubrité intérieures. Cette loi fut définitivement supprimée en 1926.
L’époque contemporaine voit désormais l’architecture moderne se tourner vers une plus grande fréquence d’immeubles « de verre et d’acier », dans laquelle les murs traditionnels en matériaux durs se font plus discrets. C’est le triomphe de la fenêtre.