Une des particularités de la Bretagne consiste à disposer d’une organisation ecclésiastique différente des autres provinces catholiques. En effet, les diocèses bretons de la Province de Troisième Lyonnaise (archevêché de Tours ; l’archevêché de Rennes n’a été érigé qu’en 1859) connaissent un échelon supplémentaire, la trève (en breton Trev ou Tréo ou encore Tré), distinct de la paroisse traditionnelle, que l’on retrouve dans tous les autres diocèses.
Lorsqu’une paroisse était jugée trop importante (en raison de sa superficie, les distances à parcourir pour l’exercice du culte étant trop longues, ou en raison de la croissance démographique, les desservants n’étant plus en mesure d’administrer les sacrements à toutes leurs ouailles), le pape, seul habilité à le faire, décidait de démembrer la paroisse et d’ériger en succursale appelée trêve un ou plusieurs quartier(s). Un lieu de culte était alors désigné. On aménageait une chapelle préexistante ou construisait une nouvelle église, avec fonts baptismaux et salle d’archives.
La seule différence avec une église paroissiale était l’absence d’un curé, le prêtre responsable de l’église trèviale étant subordonné au desservant de la paroisse mère. Dans la majorité des cas, la trève était gérée de façon autonome (on y célébrait les baptêmes, mariages et sépultures, tenait les registres adéquats, les comptes de la fabrique et les hommes délibéraient sur l’administration du territoire) ; mais, parfois, certaines activités étaient soumises à l’autorité de la paroisse dont elle était issue. La trève peut donc être considérée comme un sous-ensemble d’une entité administrative (la paroisse-mère).
Souvent, cette nouvelle circonscription administrative prenait le nom d’un saint éponyme précédé du préfixe « Tré » ou « Tréo », mais ce n’était pas toujours le cas et plusieurs trèves ont pris des noms bien différents (exemples : Audierne, Bodilis, Bohars, Carantec…).
Dans le territoire qui devint le département du Finistère, en 1790 (constitué de l’évêché du Léon, d’une grande partie de l’évêché de Cornouaille, d’une moitié de l’évêché du Trégor et d’une petite partie de celui de Vannes, ainsi que de quelques enclaves de l’évêché de Dol), 86 trèves ont été reconnues comme communes (lors de leur création, par la loi du 14 décembre 1789), mais 4 ne l’ont pas été. Actuellement, 60 sont encore des communes à part entière, 26 ayant été supprimées et rattachées. Certaines paroisses, particulièrement importantes, pouvaient avoir plusieurs trèves (ainsi Ploudiry, qui en compta 6).