D’une manière générale, les ports répondent à deux impératifs : ils forment un abri pour les navires (contre les aléas climatiques et les caprices de la mer) et sont des forteresses contre les pillards (les cargaisons prêtes à embarquer ou venantes d’être débarquées sont des proies tentantes). C’est pourquoi, très tôt, les marins ont recherché des sites propices (rades, baies, anses) et les marchands ont élevé des murailles pour protéger leurs biens.
Les ports de l’Antiquité
Le plus ancien port aménagé connu est celui de Pharos, à Alexandrie d’Égypte (plus de 3000 ans avant Jésus Christ) : une digue de 8 km de long, constituée d’énormes blocs de pierre, le protégeait et on estime qu’il pouvait abriter 800 galères simultanément dans son plan d’eau. Ptolémée Philipator (244 av. J.-C. – 204 av. J.-C.) y aurait fait creuser la première forme de radoub au monde.
Beaucoup de ports antiques exploitaient des sites naturels (comme Le Pirée ou Phocée), d’autres étaient aménagés et protégés de digues et ouvrages construits par l’homme (Carthage, Tyr, Byzance). Les Romains perfectionnèrent ces aménagements (comme à Ostie, le port de Rome) et l’architecte Vitruve (90 av. J.-C. – 15 av. J.-C.) nous a laissé une description de ces ouvrages portuaires.
Les ports du Moyen Âge
Après les temps troublés des invasions barbares, qui virent le déclin des activités maritimes, un essor nouveau de la navigation se produisit à partir du VIIIe siècle. En raison d’une piraterie intense, les ports furent fortifiés (à La Rochelle les tours contrôlant l’accès du bassin sont encore visibles) et remis en état après des siècles d’incurie et d’ensablement. De nouveaux ports furent établis un peu partout, signes du renouveau d’une intense activité commerciale.
Les préceptes de Vitruve étaient suivis scrupuleusement pour l’aménagement des ouvrages portuaires. Des « murs de mer » (digues artificielles) furent édifiés, des bassins furent creusés, les entrées gardées par de puissantes tours (et fermées, la nuit, à l’aide d’une chaîne amovible), mais les quais ne furent maçonnés que tardivement (XIVe siècle) ; auparavant, les bateaux étaient hissés sur la grève, aussi bien pour les mettre à l’abri des marées que pour les entretenir. Certains ports furent même dotés d’écluses afin de disposer de bassin en eau profonde à toute heure et en toutes marées.
La « Ligue des Cinque Ports », établie par Édouard le Confesseur (1042-1066) avec des villes portuaires de la côte méridionale de l’Angleterre réunissait dans une même association cinq ports (d’où le nom), quatre dans le comté de Kent (Hythe, Sandwich, Douvres et Romney) et une dans le Sussex (Hastings). Plus tard, trois autres ports du Sussex vinrent s’y adjoindre (Rye, Seaford et Winchelsea). Cette « ligue » avait pour but de fournir navires et hommes afin d’assurer la défense de la côte du royaume. Elle évolua peu à peu pour se constituer en ligue commerciale vers le milieu du XIIe siècle afin d’échanger des marchandises avec le continent : exportation de laines anglaises et importation de sel, de poisson et surtout de vin (principalement en provenance de Bordeaux).
En Normandie, de nombreux ports servaient pour la traversée de la Manche : Barfleur (abrité des vents d’Ouest), puis Harfleur, Honfleur et biens d’autres. Le long des côtes atlantiques, de grands ports prospéraient et se livraient à une concurrence acharnée : Bayonne, Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Vannes, Penmarc’h… En Bretagne, le petit port appelé « Port à la Duc », daté du XIIIe siècle, avec un quai parfaitement maçonné, est encore visible dans la commune de Pléboulle, canton de Matignon, dans le département des Côtes d’Armor. Le roi Philippe IV le Bel (1285-1314) créé le « Clos des Galées » en 1294, sur la Seine, non loin de Rouen.
Les ports des temps modernes
La fondation du Havre de Grâce (port du Havre) par le roi de France François Ier (1515-1547), le 13 avril 1517, fut le signe d’un souci militaire de défendre la côte contre une éventuelle invasion anglaise. Pour des raisons militaires et économiques à la fois, Colbert, dans les années 1680 développa des ports nouveaux, bénéficiant d’une situation géographique exceptionnelle : Brest, dans son immense rade, et Lorient (port de la Compagnie des Indes orientales), ou encore Rochefort et Toulon. L’ingénieur du roi Louis XIV, Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), fut chargé de la fortification des ports et des frontières du royaume. Le port de Cherbourg fut aménagé un peu plus tard, sous Napoléon Ier, et doté d’une immense digue délimitant un vaste bassin.
De nombreux ports fluviaux furent aménagés, parallèlement aux ports maritimes : situés sur les fleuves et rivières navigables (Tours, Orléans, Rouen, Paris, Lyon, Toulouse et bien d’autres), ils drainaient tout l’arrière-pays et permettaient l’approvisionnement de tout le royaume de France.
Consulter
Célérier (Pierre). – Les ports maritimes. – Paris, Presses Universitaires de France, 1957. – In-8o, 128 p. (Collection « Que sais-je ? », no 100).