Les écritures cryptées

Pour transmettre leurs messages (instructions entre services, ordres militaires entre unités de l’armée) les gouvernements ont recherché des moyens discrets. Ils ont souvent utilisé des écritures codées (ou encore « cryptées », du grec cryptos = secret, caché).

Dès l’Antiquité, les souverains ont cherché à doter leurs communications de systèmes de sécurité. Le plus connu est le « Chiffre de César », attribué à Caius Julius César (100 -44 av. J.-C.), qui utilisait un système de décalage des lettres : le A devenait D, le B = E, le C = F, etc.

Parmi les premiers à inventer une écriture secrète, l’Ordre du Temple (118-1307) utilisait des signes différents des lettres de l’alphabet. L’écriture des Templiers était un système de substitution alphabétique : chaque lettre (sauf le « J ») était remplacée par un signe, en fait un fragment de croix. La croix pattée (à huit pointes), insigne des Templiers, servait de base. Seuls les Templiers pouvaient lire (facilement) les 25 lettres de leurs messages, ainsi inutiles en cas de vol. Les Templiers bâtirent un immense empire économique, inventèrent les modes de transfert d’argent et leurs communications restaient inviolables.

Pendant la Seconde guerre mondiale, les Allemands utilisèrent une machine à coder les textes, appelée « Enigma ». Mise au point en 1918 par un ingénieur, Arthur Scherbius (1878-1929), cette machine fonctionnait grâce à un système de rotors désynchronisés. Les Alliés mirent de nombreuses années à percer le mystère, mais, en 1943, les Américains réussirent à trouver la clef. Ils pouvaient désormais intercepter les messages de l’ennemi et surtout les comprendre. Pour contrer Enigma, ils résolurent de ne pas utiliser de code pour leurs messages, mais établirent un réseau d’interprètes-traducteurs d’une langue inconnue des services allemands : le Sioux Dakota. Dans chaque unité de l’armée U.S., un Sioux était chargé de traduire, ce que l’ennemi ne pouvait comprendre.

Les armées modernes disposent de « Service du chiffre », chargé de coder (et de décoder) les messages. Vers la fin du XXe siècle, est apparu le système du chiffre asynchrone, plus difficile à déchiffrer. Pendant les siècles précédents, on utilisait des systèmes essentiellement de deux sortes :

  • le décalage des lettres

  • la substitution de signes particuliers aux lettres

mais de nombreux esprits ingénieux se sont penchés sur le problème, pour tenter de mettre au point des systèmes indéchiffrables de communication.