A l’origine, les Romains construisirent des routes pour des raisons stratégiques (elles devaient permettre les déplacements rapides de l’armée). Puis des raisons économiques entraînèrent la densification du réseau. La Gaule toute entière fut, peu à peu, dotée d’un réseau très dense de ces voies qui reliaient chaque centre urbain au reste de l’empire. Pour en retrouver les traces, dans une région donnée, il est nécessaire de :

Recherches documentaires préalables

  • dresser la liste des toponymes (et microtoponymes) d’origine romaine [le tracé des voies a peu évolué depuis l’Antiquité ; la microtoponymie permet de suivre une voie : hent meur, hent coz ; repérage des parcelles longeant ces voies à l’aide du cadastre ; étudier la fonction des voies : les plus rapides servaient au transport des marchandises fraîches],
  • prendre une carte détaillée à petite échelle de la région (Série « bleue » de l’I.G.N. au 1/25.000),
  • si possible, consultation du plan cadastral au 1/10.000 [voir le plan lui-même, pour le tracé des voies ; les états de section fourniront les microtopônymes],
  • repérer les tronçons en lignes droites des itinéraires entre les villes [mais certaines voies ne sont pas rectilignes : les Romains adaptaient le tracé au relief, au sous-sol, et à l’hydrologie ; pour éviter les pentes trop raides, les voies virent à l’approche des gués – peu de ponts en Armorique et ils étaient en bois ; dans les zones humides, les voies recherchent le point où les rives se rapprochent le plus ; les voies contournent les collines : donc nécessité d’étudier les profils en long (à l’aide de Géoportail) ; elles pouvaient contourner certains villages, par souci de rapidité ; enfin, elles pouvaient servir de limites administratives, notamment pour les paroisses],
  • mettre en cohérence les tronçons susceptibles d’être romains.

Le chercheur aura tout intérêt à utiliser deux outils commodes et scientifiquement importants :

  1. la Carte Archéologique de la Gaule [pour le Finistère : carte dressée par Patrick Galliou], Acheter le livre
  2. le site du Service Régional d’Archéologie [pour la Bretagne, tél. : 02.99.84.59.15].

Sur le terrain

  • une fois les tronçons repérés, se rendre sur place
  • vérifier la constance de la largeur du chemin [mais, au fil des siècles, leur largeur a été rognée – 21 m environ à l’origine -, sauf les itinéraires principaux]
  • vérifier la rectitude du tracé et examiner les franchissements d’obstacles
  • rechercher les vestiges de pavement et de substruction romains [microtoponymes très probants : paï, pluriel payaou = pavement en breton ; les pavements étaient surtout fréquents dans les villes et aux abords des gués et dans les passages difficiles – souvent en régions montagneuses ; mais, en plaine de Gaule, les voies romaines étaient souvent simplement en terre damée, voire quelquefois gravillonnées, la pierre étant réservée aux voies essentielles pour les déplacements de l’armée]

Attention : les véritables fouilles seront exécutées par des archéologues spécialisés, appelés à cet effet.

Structure d’une voie romaine

Une voie romaine classique était constituée de couches successives, superposées ainsi de bas en haut :

sol nu, nivelé, éventuellement tassé (damé)
statumen, inis amas de cailloux
auditis gros moellons agrégés par du ciment, couche d’environ 30 cm d’épaisseur
nucleus, i débris de poteries agrégés par du ciment fin, couche d’environ 10 cm d’épaisseur
dorsum, i surface de la route. Blocs polygonaux de silex ou blocs rectangulaires de pierres volcaniques ou autres pierres (dures) trouvées dans les environs
crepido, inis trottoir (dans les villes surtout) ou chaussée pour piétons

[fiche élaborée en collaboration avec Mme Florence Delneufcourt, membre de l’association HPPR, « Histoire et Patrimoine du Pays de Rosporden » Voir en ligne]