Un chroniqueur anglo-normand du XIIIe siècle, Mathieu Paris, attribua l’invention des tournois à Geoffroy de Preuilly, mais, en fait, il n’en est rien. Les premiers tournois avaient commencé bien avant la naissance même de Geoffroy II, seigneur de Preuilly (Indre-et-Loire) et de Vendôme. Celui-ci aurait seulement codifié, vers 1066, les règles des tournois.

On connaît un tournoi qui eut lieu à l’occasion d’une rencontre, à Strasbourg, entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, vers 840 : les chevaliers des deux camps s’affrontèrent en une sorte de joute plus ou moins amicale. Ce serait là la première mention de tournoi connue à ce jour. Un autre tournoi d’importance est signalé en 944 à Goettingue. Ensuite les événements similaires se multiplièrent rapidement. Par exemple, à Pâques de l’An Mil (en mars), un grand tournoi aurait rassemblé plusieurs dizaines de compétiteurs en Champagne, aux abords de la ville de Troyes ; on avait déploré quelques morts et de nombreux blessés. On cite également un grand tournoi à Anchin, en 1096.

Pour lutter contre ces excès, l’Église tenta de réagir : un concile, tenu à Clermont d’Auvergne, en 1130, sous la présidence du pape Innocent II (1130-1143), décida d’interdire la pratique des tournois. La chevalerie française ne tint aucun compte des prescriptions pontificales et continua de plus belle à se mesurer lors de tournois de plus en plus importants, à la fois par le nombre de participants et, surtout, par le nombre de spectateurs. Ce spectacle était fort prisé de tous, petits et grands, un peu comme les jeux du cirque et les combats de gladiateurs chez les Romains. Faute d’effet sur les mentalités, la législation ecclésiastique en la matière se répéta : en 1179, lors du troisième concile du Latran, le pape Alexandre III (1159-1181) confirma l’interdiction des tournois, mais, une fois de plus, cette décrétale resta lettre morte.

Au XIIe siècle, les tournois étaient devenus de véritables fêtes populaires, attirant un public considérable. Chacun venait admirer les exploits de ses chevaliers favoris et l’on n’hésitait pas à parier sur la victoire de tel ou tel.

Les tournois se poursuivirent longtemps, même après le Moyen Âge : le 30 juin 1559, le roi de France Henri II (1547-1559) reçut dans l’œil un éclat de la lance de son adversaire, Gabriel de Montgomery, capitaine de sa garde écossaise ; il mourut dix jours plus tard, après avoir agonisé dans de grandes souffrances.