L’emprisonnement (ou incarcération) constitue une peine largement répandue dans le monde entier et ce depuis des millénaires. La privation de liberté a été considérée, depuis l’Antiquité, comme un moyen de rétorsion, voire de rééducation pour des personnes ayant commis un délit ou un crime.
Les Grecs, lorsqu’ils ne prononçaient pas l’exil (ostracisme, du grec ostraka, qui désigne les petits cailloux de couleurs avec lesquels les citoyens votaient) enfermaient les condamnés.
Au Moyen Âge, chaque château (résidence d’un seigneur, mais également siège d’une juridiction) disposait d’une geôle, sinon d’un cul de basse-fosse, dans lequel on jetait les condamnés, qui avaient peu de chances d’en sortir vivants. Les prisons étaient sordides et insalubres, on les nommait oubliettes. Le roi de France Louis XI (1461-1483) est célèbre pour détenir des prisonniers dans des cages aux dimensions réduites (où le prisonnier ne pouvait se tenir debout), dans son château de Loches (Indre-et-Loire).
Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les prisons se multiplièrent dans le royaume de France, sans s’améliorer en confort et en hygiène. La plus célèbre de toutes, la prison parisienne de la Bastille, recevait des prisonniers envoyés en ces lieux parfois un peu arbitrairement, sur simple lettre de cachet.
Pendant la période révolutionnaire, en raison du grand nombre d’arrestations, il fallut trouver de nouveaux lieux d’incarcération. De nombreux établissements ecclésiastiques, vastes et bien adaptés à cette destination, furent transformés en prisons, comme l’abbaye de Clairvaux ou celle du Mont-Saint-Michel. Le roi Louis XVI (1774-1792) fut enfermé au Temple, à Paris.
Au XIXe siècle, l’administration pénitentiaire (branche du Ministère de la Justice) s’organisa : dans chaque département, une maison d’arrêt retenait les prévenus en attente de jugement, une maison d’écrou hébergeait les détenus pour une courte peine et les maisons centrales les lourdes peines.
Les archives des établissements pénitentiaires sont conservées dans la Série Y des Archives départementales. On peut y consulter, outre les documents ayant trait à l’administration et la gestion des prisons (dossiers de personnel, travaux, intendance, comptabilité, instructions, etc.), les registres d’écrou qui sont une mine d’informations sur les détenus.