Le franchissement des cours d’eau, surtout en période de fortes eaux, a toujours constitué un problème. Lorsque un pont remplace un gué, il permet d’éviter parfois de longs détours ; pour cette raison, au Moyen Âge, des péages (prix du passage des voyageurs) ont été imposés par de puissants seigneurs, ainsi que des octrois (taxes sur les marchandises).

Afin d’éviter au maximum le paiement de ces taxes, les pauvres prirent l’habitude d’habiter sur les ponts et certains artisans résolurent d’y exercer leurs activités. Au Moyen Âge, de très nombreux ponts étaient habités ou servaient de lieux d’exercice à de nombreux artisans. La majorité de ces ponts ont disparu, mais quelques-uns sont encore visibles :

En Allemagne :

  • construit en 1325 à Erfurt, sur la rivière Gela, le Klamerbrücke (Pont aux épices), en bois, a été incendié en 1472 ; reconstruit en pierres, il a conservé des habitations.

En Italie :

  • le Ponte Vecchio, sur le fleuve Arno, à Florence, en Toscane, a été construit en 1345.

  • le Pont du Rialto, sur le Grand Canal, à Venise (en Vénétie) a été édifié en 1588.

En France, il en reste deux :

  • le Pont de Rohan, sur le fleuve Elorn, à Landerneau (Finistère), a été bâti au XVIᵉ siècle,

  • le Pont des Marchands, à Narbonne, sur la Robine, canal qui relie le Canal du Midi à la Méditerranée, date de 1680 (ingénieur Riquet).

Autrefois, il y en avait beaucoup plus :

  • quatre ponts, sur la Seine, à Paris, supportaient des habitations et des boutiques, le pont Saint-Michel, le pont Notre-Dame, le Pont Neuf (construit en 1598) et le Pont au chgange (ou « Pont aux changes »), sur lequel les changeurs de monnaie s’activaient.

  • les archives du pont sur le fleuve Aulne, à Châteaulin (Finistère) portent la trace des habitations qui s’y trouvaient.

Le développement de nouveaux moyens de transport, au XIXᵉ siècle (notamment les chemins de fer, puis les véhicules automobiles à moteur) ont entraîné le déclin, puis la disparition presque totale de ces ponts. Les cours d’eau, franchis par des ponts modernes, en pierres, ne faisaient plus l’objet de péages. Leur utilisation fut donc modifiée.