Lors du Traité préliminaire de paix, signé le 26 février 1871 à Versailles, puis le Traité de Francfort, l’Alsace (à l’exception de l’arrondissement de Belfort, dans le Haut-Rhin d’alors), la Lorraine et quelques communes des Vosges furent annexées par le nouvel empire allemand.

Toutefois, il fut donné aux habitants des territoires annexés par la Prusse la possibilité d’opter pour la nationalité française, à condition de quitter leur habitation et de partir vers la France, en laissant tous leurs biens sur place. Ceci en application de l’article 2 du Traité de Francfort (signé le 10 mai 1871 avec l’Allemagne) et de l’article 1 de la convention additionnelle du 11 décembre 1871. La date limite pour le choix était fixée au 1er octobre 1872.

Beaucoup d’Alsaciens et de Lorrains optèrent pour cette solution et émigrèrent, en prenant soin de laisser la plus grande distance entre leur nouvelle résidence et leur ancienne patrie. C’est ainsi qu’ils furent nombreux à partir s’installer en Algérie, mais un certain nombre choisirent de venir s’implanter dans le Finistère, à près de 1.000 kilomètres de leur village d’origine.

Les Archives Nationales (à Paris) détiennent un fichier de 2.872 notices qui fournissent les noms et adresses de départ de ces personnes désireuses de conserver la nationalité française, ainsi que les lieux de leur installation.

Originaire de Guebwiller, la famille Huntziger choisit d’habiter Lesneven, dans le Finistère, où le jeune Charles naquit, quelques années plus tard, le 25 juin 1880. Ayant embrassé une carrière militaire, il rejoignit, au sortir de Saint-Cyr, l’infanterie coloniale en 1898 pour gravir tous les échelons. En mai 1940, il commandait la 3^e Armée dans les Ardennes et subit l’assaut foudroyant des blindés du général allemand Gudérian. Il signa, le 22 juin 1940, l’armistice dans le wagon stationné dans la clairière de Rethondes (en forêt de Compiègne), lieu choisi par Hitler pour effacer l’armistice du 11 novembre 1918. Nommé commandant en chef des forces terrestres, Charles Huntziger entra dans le Gouvernement de Vichy, le 6 septembre 1940, en qualité de ministre de la Guerre. Il mourut dans un accident d’avion, dans les Cévennes, le 12 novembre 1941, au retour d’une inspection en Algérie.

D’autres familles alsaciennes vinrent s’installer à Quimper : les Hachspill (qui ouvrirent une épicerie fine), les Schwarz, les Schmitt (horlogers)  ou encore les Wolfarth (imprimeurs) et bien d’autres.