Pendant toute la période appelée Haut Moyen Âge, la population vivait essentiellement dans les campagnes. Seules existaient quelques petites villes, généralement d’anciennes cités administratives romaines, autour d’un évêque.

Jusqu’au XIe siècle, les habitants de la ville, tout comme les ruraux, étaient soumis à l’autorité du seigneur. Puis les citadins souscrivirent un pacte « commun » ; ils s’associèrent entre eux afin de se libérer du joug du seigneur local, de défendre leurs biens et de gérer eux-mêmes leurs propres intérêts.

Dans le royaume de France, la première « commune » fut créée au Mans, en 1066 ; elle fut vite suivie par bien d’autres (Laon, Soissons, Reims…). Les rois de France favorisèrent le développement des villes, au XIIe siècle, pour lutter contre les grands seigneurs féodaux (laïcs ou ecclésiastiques).  Louis VI le Gros (1108-1136) autorisa les villes à se doter d’un maire, d’échevins et d’un sceau (symbole de leur personnalité juridique).

De  nombreux bourgs castraux (villes sous la protection d’un seigneur) grossirent pour devenir des villes. Des villes avec charte de franchise, octroyée par le roi ou un seigneur se multiplièrent. Ainsi, Montauban (Tarn-et-Garonne), fondée et dotée d’une charte en 1144 par le comte de Toulouse Alphonse Jourdan. Les historiens nomment cet essor urbain « Mouvement communal du XIIème siècle ».

A cette époque, le royaume de France se couvrit de villes dénommées, selon les régions, sauvetés ou salvetats en occitan (exemples : Sauveterre de Béarn en Pyrénées-Atlantiques, Sauveterre de Guyenne en Gironde, Sauveterre de Comminges en Haute-Garonne, Sauveterre de Rouergue en Aveyron ou Salvetat Peyrales en Aveyron) ou encore bastides (surtout dans le Midi, en Aquitaine et Languedoc).

La population de ces villes était constituée d’hommes libres, avec leur famille et leurs domestiques. Désormais, l’administration était gérée par des élus. Un service militaire obligatoire fut mis en place pour les « bourgeois », qui impliquait  un entraînement militaire   (combat, tir à l’arc et arbalète) soutenu, afin d’être prêt à repousser toute attaque, de brigands ou de seigneur désireux de restaurer son autorité sur la population (ce sont les fameuses « milices urbaines » qui s’illustrèrent à Bouvines, le 27 juillet 1214, ou à Courtrai, le 11 juillet 1302).

Toujours selon les régions, les magistrats élus pour la gestion communale se nommaient échevins, scabins, capitouls, consuls, avec à leur tête maires, bourgmestres, alderman, prévôt (des marchands, comme à Paris), avoyer, syndic, etc.

Sitôt la commune constituée, les élus chargés de la gérer s’empressaient, dès que les finances le permettaient, de faire édifier un certain nombre de constructions, essentielles à leurs yeux, symboles de la richesse locale et surtout de l’indépendance acquise par les habitants de la ville. Ces constructions municipales étaient les suivantes :

  • remparts (en priorité, pour la sécurité),
  • hôtel de ville (salle de délibérations, trésor),
  • beffroi (guet, cloches pour avertir, puis horloge),
  • halle commerciale (pour les foires et marchés),
  • puis : prison, éventuellement fours, moulins, pressoir…

Les activités urbaines, nettement différenciées de celles des campagnes, étaient spécifiques :

  • l’artisanat constituait le secteur essentiel, avec des métiers dits « de bouche » (bouchers, charcutiers, boulangers…) et des métiers de confections diverses (drapiers, tailleurs, chapeliers, cordonniers, mais aussi potiers, couteliers, forgerons, dinandiers, etc.),
  • le commerce de certains produits nécessaires à la vie quotidienne venus de l’extérieur (épices, fourrures, tissus précieux…) et de tout ce qui était fabriqué dans la ville même par les artisans,
  • (plus tard) les administrations s’implantèrent dans les villes (d’abord les gens de justice, puis les agents du roi).

Les activités culturelles apparurent au XIIe siècle et se développèrent au fil du temps :

  • fêtes (très nombreuses, qu’elles soient religieuses ou célébrations des corporations locales, avec saltimbanques, acrobates, montreurs d’ours ou cracheurs de feu),
  • mystères (scènes religieuses jouées sur le parvis des églises),
  • parfois des universités (à partir du XIIe siècle) se créèrent dans certaines villes et se développèrent.

Le clergé était souvent important en nombre dans les villes. Il y avait :

  • les desservants des paroisses locales (prêtres, vicaires, chanoines parfois),
  • les couvents et monastères (hospices, soin aux malades, enseignement),
  • éventuellement un évêque (ou archevêque) avec son entourage.

La présence de tout ce clergé impliquait un certain nombre d’artisans pour subvenir aux besoins spécifiques (cierges, hosties, orfèvrerie religieuse, etc.).