Dans le but de se protéger contre toute attaque, les villes éprouvèrent très vite le besoin de se doter d’une force armée. Il était nécessaire de garder les remparts et de disposer d’hommes bien entraînés et capables de se battre efficacement contre tout ennemi.
Initialement, les missions des miliciens recrutés pour constituer cette force d’intervention étaient simples :
- guet aux portes de la ville,
- tournées nocturnes du guet,
- police et sécurité des rues et des foires et marchés.
Dans le but de maintenir les hommes en état de combattre pour défendre la ville en cas d’une éventuelle attaque, il était nécessaire de se livrer à un exercice quotidien. Dans un espace réservé à cet effet, souvent à l’intérieur de l’enceinte urbaine (mais quelquefois à l’extérieur), les membres de la milice s’entraînaient au combat rapproché (avec épée et armes adéquates) et surtout au tir à l’arc ou à l’arbalète (à partir du XIIIe siècle). On organisait souvent des concours, dotés de belles récompenses, et les épreuves étaient variées (jeu du « papegaut »). Les hommes ainsi exercés obtinrent vite une certaine valeur militaire, mais que les nobles chevaliers méprisaient (à tort).
L’armement était conséquent : beaucoup portaient une épée dont ils connaissaient le maniement, des vouges et des fauchards, mais un très grand nombre étaient porteurs d’un arc (ou d’une arbalète) et munis d’un carquois d’une bonne douzaine de flèches, à l’efficacité redoutable.
Vers la fin du XIIe siècle, les milices urbaines étaient devenues, à force d’entraînement, de véritables troupes capables de se battre efficacement, même sur les champs de bataille. Les villes étaient désormais en capacité d’envoyer des contingents armés soutenir les troupes royales dans certaines occasions.
Le rôle de ces milices urbaines apparut comme essentiel dans plusieurs batailles, comme à Bouvines (27 juillet 1214) où les milices des villes du nord vinrent renforcer les chevaliers du roi de France Philippe II Auguste (1180-1223) contre les troupes de la coalition du roi d’Angleterre Jean Sans Terre (1199-1216), du comte Ferrand de Flandre et de l’empereur du Saint Empire romain germanique Othon IV de Brunswick (1198-1214) et contribuèrent largement à la victoire.