Dès l’Antiquité, les artisans ont cherché à colorer les cuirs, afin de se livrer à des fabrications d’objets de tous genres plus esthétiques et plus raffinés. Dès lors, ils ont mis au point des techniques qui ont survécu pendant des millénaires, jusqu’à une époque très récente (celle de l’introduction des produits chimiques dans notre vie quotidienne, soit la fin du XIXe siècle et surtout le XXe siècle).
En gros, il existe trois procédés de teinture du cuir :
- par peinture (généralement trempage),
- par éponges (un ouvrier passe plusieurs fois une éponge imbibée de colorant),
- par vaporisation (surtout depuis l’invention des aérosols et pulvérisateurs).
Au Moyen Âge, les artisans travaillant les cuirs ont utilisé trois types de teinture pour cuir :
- les colorants à base d’alcool (qui donne un cuir rigide),
- les colorants à base d’eau (qui rendent le cuir plus doux et plus souple) [de nos jours, les teintures acryliques rentrent dans cette catégorie],
- les colorants à base d’huile (qui donnent un cuir plus gras, très résistant).
Pour foncer le cuir, on utilisait, dès le XIVe siècle, une teinture à base d’huile (« huile de pied de bœuf »), qui donne d’excellents résultats sur de nombreuses nuances (de marrons, de beiges et même d’autres teintes).
Dans de nombreuses villes, les artisans trempaient (plusieurs fois) les peaux préparées (lissées, décharnées, trempées dans un liquide décapant et dégraissant, etc.) dans de grandes cuves, pour un bain dans des colorants faits de pigments divers (souvent des pierres de couleurs diverses réduites en poudre). Les rejets des eaux usées étaient causes de fréquentes querelles avec les autres artisans de corporations différentes qui travaillaient dans le voisinage et se plaignaient de la souillure de l’eau provoquée par les « colorants des cuirs ».
Toutefois, cette activité est vite devenue une spécialité de certaines villes ou de certains pays (comme l’Espagne – Cordoue ou Tolède – et le Maroc, ou encore certaines villes italiennes). En France, des villes comme Millau (dans le Rouergue, aujourd’hui département de l’Aveyron) ou Saint-Junien (en Limousin, aujourd’hui dans le département de la Haute-Vienne) se sont acquis une grande réputation dans ce domaine.