La teinturerie

La teinturerie n’est autre que l’action de modifier les couleurs d’un support à l’aide de colorants. On peut teindre toutes sortes de choses : les cheveux, la peau, les vêtements, les objets en bois ou autres matières, etc. Dès la Préhistoire, les humains ont réussi à teindre des fibres brutes, en utilisant des colorants naturels (plantes, insectes, mollusques). On date l’apparition de la teinturerie aux environs de 4.000 ans avant Jésus-Christ.

Les anciens Égyptiens connaissaient l’indigo pour obtenir des tissus de couleur bleue et le port de Tyr était réputé, 1.000 ans avant Jésus-Christ, pour son commerce de la pourpre.

Pendant plusieurs millénaires, les procédés d’extraction de pigments et de coloration des matières ne connurent pratiquement aucune véritable amélioration. Il fallut attendre le XIXe siècle, pour voir l’apparition de techniques et de matières nouvelles : en 1850, la découverte de l’action des sels de chrome comme mordant permit d’éviter que les couleurs ne déteignent.

L’art de la teinturerie nécessitait de nombreuses connaissances, acquises grâce à un apprentissage long et minutieux. Les couleurs devaient résister :

  • à l’action de la lumière (surtout spectre lunaire),
  • au lavage,
  • au chlore,
  • au nettoyage à sec,
  • à la sueur (acide ou alcaline),
  • au frottement.

En raison de la nécessité de disposer de grandes quantités d’eau pour remplir leurs cuves dans lesquelles ils trempaient les tissus à teindre, les artisans teinturiers s’établirent dans des villes arrosées par des rivières aux eaux vives.  Au XIIe siècle, la corporation s’organisa et les ouvriers de ce corps de métier veillèrent jalousement sur leurs prérogatives. Le saint patron choisi par les teinturiers fut Saint Maurice, fêté le 22 septembre.

Les maîtres teinturiers prenaient grand soin de la qualité de l’eau puisée en amont, mais se souciaient peu des rejets en aval, ce qui avait de graves conséquences pour les autres utilisateurs potentiels. De nombreux procès eurent lieu entre teinturiers et d’autres consommateurs d’eau pour leurs diverses activités.