Pendant des siècles, les morts furent enterrés dans un cimetière à proximité immédiate de l’église paroissiale. Les corps des défunts étaient ainsi ensevelis dans un lieu sacré, une terre bénie par le prêtre, donc plus proche de la maison de Dieu, dans l’attente du Jugement de Dieu et de la résurrection promise par la religion. Souvent même, l’espace destiné à accueillir les tombes était délimité par un mur d’enceinte : c’était l’enclos, la terre d’église, théoriquement inviolable et sacrée. Souvent également, les puissants personnages (nobles, prêtres desservants ou riches influents) avaient droit à être inhumés dans l’église même, dans un enfeu, sous une dalle (avec une inscription), voire dans un tombeau spécial, placé dans le bas-côté de l’édifice.
Vers la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, de gros progrès furent accomplis en matière d’hygiène et de salubrité publique. Les connaissances médicales ayant effectué un grand pas en avant, les autorités publiques constatèrent que les anciens cimetières présentaient toutes sortes de risques (notamment sanitaires) pour la population.
C’est pourquoi, une ordonnance royale de Louis XVI (1774-1792) fut promulguée le 10 mars 1776, qui préconisait un certain nombre de précautions pour ensevelir les corps des défunts.
Mais le texte principal fut publié par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, le 23 prairial de l’an XII (= 12 juin 1804) dans un décret qui stipulait « qu’aucune inhumation n’aura lieu à l’intérieur des églises » et surtout précisait, dans son article 2 : « il y aura hors de chacune des villes ou des bourgs, à la distance de trente-cinq à quarante mètres au moins de leur enceinte, des terrains spécialement consacrés à l’inhumation des morts ». Les villes étaient par conséquent invitées à déménager leurs cimetières à quelque distance, à l’extérieur de leurs remparts.
La législation suivit la logique : une nouvelle ordonnance royale fut promulguée le 6 décembre 1843, par Louis-Philippe (1830-1848) qui étendait à toutes les communes, sans distinction de tailles, le champ d’application du décret de prairial de l’an XII. L’ordonnance précisait en outre que « les terrains les plus élevés au Nord seront choisis de préférence ». Cependant, si la loi était claire, toutes les communes de France ne trouvèrent pas les moyens (finances, terrains disponibles) de transférer leurs cimetières en des lieux plus adaptés. Dans le Finistère, plusieurs, à ce jour, ont conservé leur ancien cimetière.