L’éclairage nocturne des voies publiques est une notion récente. Pendant des siècles, les rues des villes étaient laissées dans l’obscurité. Pour des raisons de sécurité, certaines rues étaient barrées par des chaînes, afin d’éviter la circulation nocturne de véhicules.

Au Moyen Âge, de nombreux vols et meurtres étaient commis la nuit, dans les rues des villes, aussi les habitants s’enfermaient chez eux dès la tombée de la nuit. En 1254, le roi saint Louis (Louis IX, 1226-1270) proposa la création d’une police privée à Paris, mais le projet échoua. En 1258, il envisagea un projet d’éclairage des rues, mais ce ne fut qu’en 1318 que le roi Philippe V le Long (1316-1322) ordonna l’installation d’une chandelle près de la porte du Châtelet.

Au XVIIe siècle, on éprouva le besoin d’éclairer à l’aide de torches les artères principales, pour se prémunir contre les agressions, fréquentes à l’époque. En 1667, le lieutenant-général de la police Nicolas de la Reynie (1625-1709), désireux de renforcer la sécurité, fit installer une lanterne à chaque coin de rue de Paris. Les habitants devaient payer une redevance pour l’entretien de cet éclairage. Un édit royal de juin 1697 imposa à toutes les grandes villes du royaume de France de suivre l’exemple de Paris et d’éclairer les rues du 20 octobre au 30 mars.

Devenue « Ville lumière », Paris fut vite imitée par d’autres capitales européennes :

  • Hambourg (en 1673)

  • Turin et Bruxelles (en 1675)

  • Berlin (en 1682)

  • Copenhague (en 1683)

  • Vienne (en 1688)

  • Dublin (en 1697)

Toujours à la pointe du progrès, la Ville de Paris, innovant dans ce domaine comme dans bien d’autres, gagna la réputation de « ville lumière » dès le XVIIe siècle et la justifia pendant des siècles.

En 1766, les lanternes parisiennes éclairées par des chandelles à double mèche) furent remplacées par des réverbères à huile. Imposés par le lieutenant-général de police de Paris de l’époque, Charles de Sartine, en 1759, ces réverbères illuminèrent la ville, qui connut alors le premier véritable éclairage public.

En 1769, une concession royale accorda le monopole de l’éclairage de Paris à Bourgeois de Châteaubriant, lauréat d’un concours au cours duquel il avait mis au point un modèle de réverbère très puissant (un seul équivalait à 30 chandelles). Environ 1200 réverbères à huile furent alors installés dans la ville.

Entre 1810 et 1830, ces réverbères à huile furent progressivement remplacés par des réverbères à gaz. Les premiers candélabres apparurent vers 1830, d’abord à Paris, puis se multiplièrent dans les villes françaises. Les fondeurs fournirent plusieurs modèles, très esthétiques, de candélabres en fonte, avec trois ou quatre types différents de lanternes. Dans les années 1850, ils se répandirent dans les autres pays d’Europe et supplantèrent les anciennes lampes à huile ou à gaz. L’opération d’installation de ces réverbères (qui impliquait la création d’un réseau souterrain des canalisations pour le gaz) fut achevée vers 1870 dans la capitale.

En février 1878 eurent lieu les premiers essais d’éclairage électrique dans les rues de Paris. Mais ce fut seulement en 1879 que l’on utilisa pour la première fois des lampes à incandescence (mises au point par Swan et Edison, voir fiche no 383 « La fée électricité »). L’installation des nouveaux réverbères, électriques cette fois, à Paris, fut réalisée entre 1910 et 1940.

Les tubes fluorescents, utilisant le gaz néon (procédé mis au point dès 1910 par le physicien français Georges Claude), furent installés pour la première fois à Paris en 1945, à la Libération. Pour des raisons économiques, ce procédé se répandit très vite dans toute la France, où il fut en usage pendant plus d’un demi-siècle.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, de nouvelles techniques firent leur apparition : lampes à iodure d’argent, lampes basse consommation (« led ») et, surtout, les ingénieurs étudièrent de plus près l’usage des éclairages publics. Ils recherchèrent un éclairage intelligent (avec détecteurs de présence), variable selon les horaires, la luminosité, voire l’intensité du trafic. Toujours soucieuses d’économie des deniers publics, les municipalités, en charge de ces problèmes, sont à l’affût de nouveautés en la matière et ne cessent d’innover.