Selon les préceptes de l’Église, les corps des défunts devaient être mis en terre en entier, dans l’attente du Jugement Dernier et de la résurrection des Justes. Cependant, quelques personnages, particulièrement remarquables, soit par la sainteté de leur vie, soit en raison d’événements extraordinaires, eurent un traitement particulier.
A titre d’exemples, on peut citer quelques grands personnages qui ont été découpés et leur corps réparti dans plusieurs sépultures :
- le 6 avril 1199, lorsque le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion rendit le dernier soupir, il ordonna que ses entrailles soient ensevelies devant les murs du château qu’il assiégeait (Châlus, en Limousin), tandis que son corps serait placé dans un tombeau auprès de ses parents,
- le roi Henri II (1154-1189) et la reine Aliénor d’Aquitaine, dans la nef de l’abbaye de Fontevraud et son cœur conservé dans un reliquaire, dans un troisième tombeau dans la cathédrale de Rouen.
D’autres grands personnages ont été bouillis dans une marmite pour conserver les chairs séparées du squelette et permettre ainsi un enterrement solennel en des lieux éloignés : ce fut le cas de Frédéric Ier Barberousse, empereur germanique, en juin 1190, du roi Saint-Louis, devant Tunis, en 1270, ou encore de Bertrand Du Guesclin, à Châteauneuf-de-Randon, en 1380.
En ce qui concerne les personnages dont la vie s’était avérée exemplaire et qui ont été canonisés par l’Église catholique, la découpe du corps en plusieurs morceaux permettait la multiplication des lieux de culte. En effet, dans les mentalités populaires de l’époque, une relique aurait les mêmes pouvoirs que le corps entier du saint. Par conséquent, si un fragment de corps d’un saint (ou d’une sainte) était exposé à la vénération des fidèles en un sanctuaire quelconque, il pouvait attirer la ferveur de foules immenses.
Dès le XIe siècle, on vit des petits villages, dont l’église abritait des reliques devenir des lieux de pèlerinages célèbres dans toute l’Europe occidentale. Il devenait donc essentiel, pour des raisons économiques, de disposer de reliques d’un saint important, de façon à faire venir de nombreux pèlerins, chacun assurant par sa visite la prospérité locale.
Dès lors, un certain commerce des reliques de saints personnages se fit jour. Il n’est pas impossible que de fausses reliques aient été fabriquées dans un but mercantile.