1 – les précurseurs
En 1668, le savant britannique John Wilkins (1614-1672), membre de la Royal Society, définit une longueur en se basant sur l’oscillation d’un pendule simple, dont la demi-période est égale à une seconde, puis un volume universel et enfin une masse universelle ; son unité de longueur était de 38 pouces de Prusse (soit 993,7 mm).
Vers 1670, un religieux lyonnais, Gabriel Mouton (1618-1694), proposa une unité de longueur basée sur un arc du méridien terrestre, puis définit la série de multiples et sous-multiples d’unité basée sur le système décimal.
En 1675, le savant italien Livio Burattini (1617-1681) renomma la mesure universelle de Wilkins, l’appela « mètre » (« metro catholico ») et prit pour définition exacte celle du pendule, mais aboutit à 993,9 mm. En effet, cette valeur dépend de l’accélération de la pesanteur et elle varie d’un lieu à l’autre.
2 – le système métrique
Les Cahiers de doléances, rédigés en mars 1789, réclamaient d’une manière générale l’unification des poids et mesures du royaume de France.
Le 7 mai 1790, les députés de l’Assemblée constituante, sur proposition de Talleyrand (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord 1754-1838), conseillé par Condorcet (Nicolas de Condorcet 1743-1794), votèrent l’adoption du système métrique. On désirait un système stable, uniforme et simple.
Après réflexion, en 1793, on choisit la mesure fondée sur le méridien de la Terre (décret du 9 août 1793). Cette longueur fut précisée par la loi du 19 germinal de l’an III (7 avril 1795) qui stipulait : « la mesure de longueur sera égale à la dix-millionième partie de l’arc de méridien compris entre le pôle boréal et l’équateur ». Deux savants furent chargés d’effectuer les mesures géodésiques nécessaires : pendant 7 ans, Jean-Baptiste Delambre (1749-1822) et Pierre Méchain (1744-1804) mesurèrent la distance entre Dunkerque et Barcelone. Pensant avoir commis une erreur, Méchain retourna en Espagne pour vérifier et y mourut. Son ami Delambre reprit les calculs et corrigea l’erreur (qui n’était que de 0,229 mm).
Après le mètre, on définit les unités de surface et de volume, l’unité de masse (le gramme) et même l’unité monétaire (le « franc germinal »). On créa ainsi le « système métrique décimal ».
Dans le même décret du 19 germinal de l’an III, la Convention nationale prévoyait la création d’étalons. Les étalons du mètre et du kilogramme, réalisés en platine (en raison des propriétés physiques de ce métal, résistant aux écarts de température), furent déposés aux Archives Nationales de France le 4 messidor de l’an VII (22 juin 1799), ce qui est considéré comme l’acte fondateur du système métrique.
Le système métrique fut introduit en France par le décret du 1er vendémiaire de l’an IV (23 septembre 1795). Son usage fut rendu obligatoire en France par l’arrêté du 13 brumaire de l’an IX (4 novembre 1800), par le Premier Consul Bonaparte, à l’occasion du cinquième anniversaire de son introduction dans le pays. Tout autre système de poids et mesure fut alors interdit sur le territoire français.
En raison des circonstances historiques de l’époque (coalitions successives contre la France) et d’un nationalisme extrême, les Anglais et les Allemands refusèrent absolument de l’appliquer, malgré son intérêt (mathématique et scientifique et ses multiples avantages économiques). Par la suite, les états germaniques l’adoptèrent progressivement, à la différence des Britanniques qui s’obstinèrent à conserver leur système ancien de poids et mesures. Au début du XIXe siècle, l’extension des conquêtes napoléoniennes favorisa l’adoption du système métrique par les pays entrés dans la sphère d’influence de l’empereur (Pologne, mais surtout Pays-Bas, Allemagne du Nord, grande partie de l’Italie, et de l’Europe centrale, etc.).
La simplicité du système métrique, basé sur un système décimal et non plus vicésimo-duodécimal comme sous l’Ancien régime, favorisa son utilisation rapide par tous les Français. Pour convertir les unités en multiples ou sous-multiples, il suffisait, désormais, de déplacer la virgule. C’en était fini des calculs complexes d’antan. Les applications du nouveau système étaient nombreuses (par exemple, échelle des cartes, mais aussi plans d’architecture ou autres) et furent rapidement assimilées par la population. Une seule génération suffit à faire pénétrer dans les usages quotidiens le système métrique, en raison de sa grande simplicité.