Plante originaire d’Amérique centrale et du Sud, le manioc appartient à la famille des Euphorbitacées. Il s’agit d’un tubercule (plus exactement d’une racine tubéreuse), très digeste qui a servi de denrée essentielle dans l’alimentation des peuplades autochtones du Brésil, de la Colombie, du Vénézuela, de l’Équateur et de toute la zone de l’Amérique centrale, îles des Caraïbes incluses (dont Cuba).

Sa grosse racine fournit une pulpe brunâtre qui se consomme sous plusieurs formes : on en tire de la farine, de la fécule et du tapioca. Sa forte teneur en amidon le rend facilement digestible, à condition de la consommer cuisinée. Sinon, la plante est toxique, voire dangereuse, si on la consomme crue. La cuisson fait disparaître les toxines, telles la faible proportion de cyanure contenue dans ses racines et ses feuilles. Cuit, le manioc facilite la régularisation des diarrhées et des irritations du colon.

Le manioc est riche en vitamines A et C et contient de notables quantités de potassium et de calcium. Il s’agit donc d’une plante très nourrissante et les populations qui le cultivaient en avaient bien compris l’intérêt. C’était un aliment essentiel des Quéchuas, des Incas, des Mayas, des Aztèques, des Toltèques, des Zapotèques, etc. Ces peuples le nommaient aussi « yuca » ou, parfois, « cessada ». La consommation du manioc était tellement importante, que certains ont pu parler de « civilisation du manioc », comme on parle de « civilisation du riz » ou de « civilisation du blé ».

Cette plante vivace annuelle était particulièrement adaptée, à l’origine, aux climats et aux sols des régions tropicales et subtropicales du continent américain. Lorsque les Européens parvinrent en Amérique, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, ils constatèrent très vite la richesse alimentaire du manioc, que presque tous les peuples « sauvages » consommaient quotidiennement. Ils tentèrent alors d’en implanter la culture en Europe (notamment dans les régions plus ou moins arides de l’Espagne centrale), mais sans succès. Cependant, dans les années 1530, ils réussirent à en cultiver en Afrique subtropicale, où il devint un aliment d’usage courant.

En Amérique, le manioc était concurrencé par le maïs, autre céréale découverte au même moment par les explorateurs européens et dont les peuples indigènes enseignèrent aux nouveaux arrivants la culture et la consommation.