Le nombre croissant de conversions au christianisme, au IIᵉ siècle de notre ère (en dépit des persécutions qui se multipliaient) rendit nécessaire l’accès aux textes bibliques. De nombreux traducteurs locaux, dans toutes les provinces de l’Empire romain et dans les contrées voisines, donnèrent une grande variété de textes utilisables par les prêtres.
Il devenait nécessaire de tenter d’unifier toutes ces versions, surtout après le Concile de Nicée, en 325, qui s’efforça de mettre de l’ordre dans la doctrine, la liturgie, les pratiques, les rites et toute l’organisation de l’Église naissante.
Désireux de clarifier et d’unifier ces textes, l’évêque de Rome Damase (366-384) confia, vers 380, à un de ses collaborateurs, Jérôme de Stridon, le soin de produire un texte définitif, que chaque fidèle pourrait consulter. Cette version fiable de la Bible servirait dans tous les diocèses de la Chrétienté.
Saint Jérôme, né vers 347 à Stridon, une petite bourgade située dans la péninsule des Balkans, entre les provinces romaines de Pannonie et de Dalmatie (aujourd’hui en Slovénie actuelle ; la ville a été détruite par les Goths, à la fin du IVᵉ siècle) étudia le grec, qu’il maîtrisait à la perfection. Puis il se retira dans le désert en Syrie, en compagnie d’un autre moine juif, converti au christianisme, qui lui enseigna l’hébreu. Jérôme mourut à Bethléem, en 420.
S’appuyant sur des manuscrits grecs, Jérôme commença par traduire en latin les Évangiles, lors de son séjour à Rome, de 383 à 384. Il partit ensuite pour la Terre Sainte, désireux de connaître les lieux où le Christ avait vécu. Après un long séjour dans le désert, il reprit son travail et traduisit les textes constituant l’Ancien Testament, de l’hébreu en latin, langue compréhensible par l’immense majorité des habitants de l’Empire. Il effectua cette traduction entre 390 et 405, alors qu’il s’était établi à Bethléem, à proximité du lieu de naissance du Christ. Au cours de cette période, il traduisit également deux textes, rédigés en araméen, qu’il transposa en latin.
L’ensemble de son œuvre, appelée ultérieurement « Vulgate » (du latin vulgus = peuple ; c’est un ouvrage de vulgarisation) connut un immense succès et fut maintes fois recopié, notamment par Alcuin (735-804), dans les siècles qui suivirent. Pendant tout le Moyen Âge, la Vulgate constitua un texte de référence pour tous. Il n’est pas surprenant que le premier livre imprimé (par Gutenberg) ait été une Bible, dans son texte intégral.