L’abbaye Notre-Dame de Cîteaux fut fondée, en 1098, par Robert de Molesme. Après l’abbatiat d’Aubry, en 1109, Étienne Harding devint abbé de Cîteaux. En avril 1112, un jeune chevalier, Bernard de Fontaine, entra comme novice. Son rayonnement fut tel qu’il attira des foules considérables, de sorte que l’abbé Thomas Harding créa quatre « abbayes filles » : La Ferté (au diocèse de Chalon-sur-Saône) en 1113, Pontigny (dans le diocèse de Langres) en 1114, puis Clairvaux (en Champagne), où il envoya Bernard, et Morimond en 1115.
Entre 1114 et 1118, Étienne Harding rédigea la Carta Caritatis (= Charte de la Charité), en réformant la règle de Saint Benoît de Nursie, pour donner à l’Ordre de Cîteaux une nouvelle règle, qui fut approuvée le 23 décembre 1119 par le pape Calixte II (1119-1124). Saint Bernard, qui ne fut pas le fondateur de cet ordre, en fut néanmoins le maître spiritual. Sa renommée était telle que les effectifs connurent un essor considérable et, à la fin du XIIe siècle, l’ordre cistercien comptait plus de 200 abbayes dans tout l’Occident.
La règle prévoyait que chaque abbaye dépendait d’une abbaye mère. Au sommet, le chapitre général de l’Ordre assurait l’unité et la coordination. Cette règle insistait sur la paix intérieure de chaque moine, le cheminement vers Dieu, le chant et le libre arbitre. Le travail manuel y prenait une place considérable, tout comme l’amour des lettres et le désir de Dieu.
L’horarium bénédictin (= horaire établi pour répartir les activités) rythmait la vie quotidienne. La journée se divisait en 7 heures de travail, entrecoupées de 8 offices. Les prières et offices (diurnes et nocturnes) réunissaient l’ensemble des frères, de même que les séances du chapitre, au cours desquelles on débattait des problèmes divers posés par la gestion de l’abbaye et de son domaine. Les repas (deux par jour) étaient pris en commun, dans le réfectoire, et on lisait des prières. Le travail agricole était principalement mis en avant (travaux des champs et dans le potager, pour assurer l’autarcie de l’abbaye), mais différents métiers artisanaux étaient pratiqués (travail des métaux ou du cuir, selon les besoins). On pratiquait l’aumône et l’hospitalité.
On distinguait les « frères clercs », les « laïcs », les « convers », les « novices », les « infirmes » et les « familiers ». Les vêtements étaient simples : une coule blanche, à manches longues, et des chaussures de cuir. Pour le travail, on changeait d’habits. L’hygiène était stricte : les abbayes avaient un lavabo et la règle imposait le lavement des pieds tous les samedis.