L’état de noblesse n’était pas obligatoirement éternel. Il pouvait arriver, dans certains cas, que la noblesse se perde.
Absence de descendance
La première (et la plus fréquente) des causes de perte de noblesse était l’absence d’héritier mâle : le fief pouvait passer entre les mains d’une femme, il « tombait en quenouille », au mieux un parent éloigné (oncle, cousin) pouvait le reprendre, mais, de fait, il changeait de famille, tout au moins il quittait la branche aînée, celle du « chef de nom et d’armes ».
Les coutumes variant selon les régions, certains fiefs admettaient qu’une femme puisse en hériter et le gérer elle-même. Quelques exemples : Aliénor d’Aquitaine (1122-1204), duchesse d’Aquitaine, ou la comtesse Mahaut d’Artois (1270-1329).
Par contre, en ce qui concerne le royaume de France, à la mort du dernier fils de Philippe IV le Bel (1285-1314), Charles IV le Bel (1322-1328) le 1er février 1328, les Pairs du royaume refusèrent que ce soit sa fille, Isabelle, mariée au roi d’Angleterre Édouard III (1327-1377), qui hérite du trône. Ils préférèrent Philippe VI de Valois (1328-1350), neveu de Philippe le Bel et donc cousin du roi défunt, et invoquèrent la « Loi salique » qui daterait de l’an 508 (sous Clovis) et interdirait aux femmes de régner sur la France. Ce fut une des causes de la Guerre de Cent Ans avec l’Angleterre.
Forfaiture (cause de diffamation)
Lorsqu’un noble avait failli à l’honneur, ou commis un méfait susceptible d’une condamnation, son épée était brisée en public et ses armoiries « renversées » (positionnées la tête en bas) ; on disait « diffamées » (du latin fama, qui signifie réputation).
Cette « diffamation » avait de graves conséquences, non seulement pour le coupable, mais pour l’ensemble de sa lignée. Toute sa famille, couverte de honte, était mise au ban de la société. Les « gens de bien » cessaient de la fréquenter et il n’était plus question d’alliance, matrimoniale ou autre, entre cette famille déchue et une famille noble.
Dérogeance
L’exercice de certaines activités, notamment tout travail manuel (à l’exclusion des travaux artistiques) pouvait entraîner la perte de noblesse, ou « dérogeance ». La cessation de cette activité n’impliquait pas obligatoirement le retour à l’état de noblesse.