Depuis la bataille de l’Écluse (24 juin 1340) entre les navires du roi d’Angleterre Édouard III et ceux du roi de France Philippe VI de Valois, devant l’estuaire du Zwuin, dans le comté de Flandre, qui vit l’écrasante victoire des Anglais et la destruction de la flotte française, la suprématie navale resta aux Anglais pendant des siècles.

Afin de tenter de briser ce monopole anglais du contrôle de la navigation maritime, le roi Louis XIV (1661-1715) confia à son ministre Colbert le soin de recréer une marine de guerre digne de ce nom.

Colbert s’intéressa à la Marine et promulgua, le 31 juillet 1681, une « Grande ordonnance sur la Marine », qui codifiait l’essentiel des activités maritimes et redonnait au royaume les moyens de reconstruire une flotte. Cette ordonnance était divisée en cinq « livres » (ou chapitres) :

  1. Des officiers de l’Amirauté,
  2. Des gens et des bâtiments de mer,
  3. Des contrats maritimes, chartes-parties, engagements et loyers des matelots ; prêts à la grosse, assurances, prises,
  4. De la police des ports, côtes, rades et rivages,
  5. De la pêche en mer.

Colbert créa de nombreux ports, arsenaux et installations pour la marine de guerre, notamment Brest, Rochefort et Toulon. L’ordonnance de 1681, véritable code de la marine dans tous les domaines, permit de réglementer la navigation, la gestion des ports, mais aussi la construction des navires et aussi leur désarmement. En quelques décennies (environ une trentaine d’années), la flotte française était ressuscitée et le royaume redevenu une puissance maritime.

Les arsenaux royaux comportaient une ou plusieurs corderies, des forges, des ateliers de sculpture (pour les figures de proue ou les panneaux de châteaux arrière – comme le célèbre Coysevox), tandis que les chantiers navals étaient confiés à des entreprises privées, des « maîtres constructeurs » qui fournirent de nombreuses unités pour la flotte de guerre : corvettes, frégates et vaisseaux (ces derniers étaient armés de nombreux canons). Les voiles étaient réalisées dans des voileries à l’aide des fibres de lin fournies par de nombreux cultivateurs (comme ceux de Pouldavid ou du pays de Léon, pour la Basse-Bretagne), tandis que le chanvre, également produit localement, servait à la confection des cordages.