Pour confectionner leurs armes, les Grecs et les Romains utilisaient le bronze, car ils disposaient en abondance de cuivre et d’étain. Une grande part de la suprématie des envahisseurs barbares des IVᵉ et Vᵉ siècles provenait du fait qu’ils avaient des armes en fer. Passés maîtres dans la métallurgie du fer, les Germains (Francs, Goths, Alamans, Burgondes, etc.) fondèrent de nombreux royaumes en Europe, ancêtres de nos actuels pays.

Au Moyen Âge, en raison de l’insécurité générale, les seigneurs entretenaient des armées privées : pour fabriquer leur matériel, chaque château disposait de ses propres ateliers. L’importance de la métallurgie était alors cruciale : les épées, boucliers, pièces d’armure, lances et autres armes, d’abord confectionnées en fer, puis en acier, devaient être réparées après chaque combat et continuellement entretenues. Une forge et des ateliers dans chaque château étaient donc nécessaires.

Lorsque l’artillerie fit son apparition, au début du XVᵉ siècle, les premiers canons, mal confectionnés, éclataient souvent au moment du tir, blessant grièvement leurs servants. Peu à peu, les artisans armuriers firent des progrès et les canons furent améliorés. Cependant, ce ne fut qu’au XVIIIᵉ siècle que leurs calibres furent uniformisés.

Pendant des siècles, la confection de l’armement resta artisanale : les armes, essentiellement individuelles, étaient fournies par les colonels de chaque régiment. Progressivement, elles devinrent standardisées, surtout après la réorganisation de l’armée royale par Louvois, au XVIIᵉ siècle. La Marine royale, pour ce faire, disposait d’arsenaux. Les manufactures d’armes apparurent sous Louis XV (1715-1774) et connurent un regain d’activités avec les guerres de la Révolution et de l’Empire. Un nombre considérable de fusils et d’armes de poing, ainsi que des grenades, furent réalisées par des artisans armuriers, un peu partout dans le royaume, avant d’être réalisées en gros par des manufactures.

Créée en 1819, la Manufacture d’armes de Chatellerault (Vienne) a fabriqué les fusils de l’armée française (Chassepot, puis Lebel), pendant 150 ans. Elle a employé jusqu’à 8 000 ouvriers, au plus fort de sa production. Elle a fermé ses portes en 1968. Spécialisée dans les armes de chasse, la célèbre Manufacture française d’armes et de cycles de Saint-Étienne (Loire), surnommée familièrement « la Manu » (nom commercial : Manufrance), a été fondée en 1887. Elle a cessé ses activités en 1980.