Le goût sucré était connu dans l’Antiquité : le miel était très consommé chez les Égyptiens, les Grecs et les Romains, qui s’en servaient également pour conserver des aliments (confiserie) et même pour soigner certaines blessures.
Les croisades de la fin du XIe siècle et du XIIe siècle mirent les chevaliers francs en contact avec la civilisation du Moyen-Orient ; ils découvrirent alors de nombreux produits nouveaux, dont le sucre, qu’ils rapportèrent au XIIe en Occident. On apprit à l’utiliser en cuisine comme conservation des fruits (confitures). Importé d’Orient par les ports italiens, le sucre fit alors l’objet d’un commerce intense et lucratif dans toute l’Europe.
Pendant cinq siècles (du XIIe au XVIIe siècle), l’Europe fut dépendante des Arabes pour son approvisionnement en sucre. La conquête des îles des Antilles, puis l’exploitation des plantations de canne à sucre permit de s’abstraire de cette dépendance et favorisa l’apparition de produits nouveaux (rhum, tafia, mélasse). Pour disposer d’une main d’œuvre abondante et bon marché, nécessaire au dur travail dans les plantations, on eut recours à l’esclavage massif (« commerce triangulaire »).
La canne à sucre, principalement cultivée dans les îles des Antilles, fit la fortune, aux XVIIe et XVIIIe siècles, des planteurs français, au point que, lors du Traité de Paris, en 1763, qui mettait fin aux guerres franco-anglaises, le roi Louis XV (1715-1774) préféra sacrifier le Canada et les Indes pour conserver la Guadeloupe et la Martinique, dont le sucre, importé par Nantes, semblait indispensable à l’approvisionnement du royaume.
Ce fut pour pallier la pénurie de sucre car les Anglais contrôlaient les mers et interceptaient ainsi les cargaisons de sucre venues d’Amérique centrale, que Napoléon Bonaparte encouragea la culture de la betterave à sucre, notamment dans les régions septentrionales de la France (Picardie et Artois). En janvier 1812, Benjamin Delessert présenta à l’empereur le premier pain de sucre fabriqué à partir du sucre de betterave.
Depuis, les grands industriels sucriers se sont multipliés. La compagnie Beghin a été fondée en 1821 et la société Say quelques années plus tard, les Sucres Saint-Louis ensuite. De nos jours, le groupe Béghin-Say est le plus important au monde et la France est actuellement le premier pays producteur de betteraves à sucre au monde, devant la Russie.