La première représentation cartographique connue est la « tablette de Nuzi », découverte en Irak en 1930, daterait d’environ 200 ans avant Jésus-Christ.

Dans l’Antiquité, on imaginait le monde comme une terre (plate) flottant sur l’eau ; les premiers géographes voyaient le monde entouré par une mer primordiale et la terre était entre le ciel et les enfers.

Au VIe siècle avant notre ère, on ne connaissait que les contours de la Méditerranée. Dans son « Oekoumène » (ou monde habitable), Hérodote opposait aux terres inconnues, peuplées de barbares ou de monstres, les contrées où les Grecs avaient fondé des cités et des colonies. Avec son immense empire, Alexandre le Grand repoussa les limites du monde connu.

Les Grecs s’intéressèrent à la cartographie (école ionienne, avec Pythagore, Parménide et Cratès ; école athénienne, avec Platon, Aristote et Eudoxe de Cnide ; école d’Alexandrie avec Euclide et Aristarque de Samos). Puis Hécatée, Anaximandre et Ératosthène ou encore Hipparque dessinèrent les premières cartes. Les Romains développèrent une cartographie militaire et cadastrale. Ptolémée nous a laissé une « Géographie » remarquable.

Au Moyen Age, la cartographie régressa ; pour des raisons religieuses, on plaçait Jérusalem au centre du monde. Les cartes « T dans l’O » représentaient le disque de la Terre ; à l’intérieur d’un cercle, un « T » incarnait la Trinité et la division antique de « l’Oekoumène » en trois continents (Europe, Afrique et Asie) ; on faisait ainsi référence au peuplement de la Terre par les descendants des trois fils de Noé (Sem, Cham et Japhet). Le Nord est souvent placé à gauche sur ces cartes et l’Est, siège du paradis terrestre, se retrouve au sommet de la carte.

Ce type de cartes fut en usage pendant des siècles, jusqu’à ce que des grands voyageurs, comme Jean Plan Carpin (en 1246), Marco Polo (fin du XIIIe siècle) ou Ibn Battuta (1304-1368) , puis les grandes découvertes maritimes et enfin les immenses progrès des mathématiques ne fassent faire à la cartographie un bond décisif.

De la fin du XIIIe siècle au XVIIIe siècle, les côtes firent l’objet de cartes spécifiques, les « portulans », descriptions écrites des littoraux et des ports. Des écoles de cartographie maritime s’ouvrirent alors (comme au Conquet, où les Brouscon s’illustrèrent au XVIe siècle, puis les Troadec au XVIIe).

Après le temps des maîtres cartographes flamands (Gerhard Mercator, 1512-1594), qui étudièrent le problème des « projections », au XVIe siècle, les Français mesurèrent, en 1670, un arc de méridien, afin d’estimer la circonférence terrestre. La méthode de triangulation des points de repère fut perfectionnée, de sorte que de grands cartographes (la famille Cassini, en France) furent en mesure de réaliser les premières véritables cartes, plus proches des réalités du terrain.

La carte du royaume de France, dressée en 1747 par Cassini de Thury, marqua une étape essentielle dans la cartographie scientifique. Au XIXe siècle, les progrès dans la détermination des longitudes (à l’aide de chronomètres précis) firent accomplir à cette discipline les derniers pas vers une représentation exacte du globe terrestre. Au XXe siècle, l’apparition de techniques nouvelles (photographies aériennes et images par satellites) acheva le cheminement vers la perfection de la conception cartographique.

De nombreux éditeurs cartographes, dans tous les pays, commercialisent désormais toutes sortes de cartes (géographiques, économiques ou autres) et les cartes font désormais partie de l’univers quotidien de tout un chacun.

Le problème de la représentation du relief (ou orographie)

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on ne savait pas encore comment représenter le relief et les indications des cartes restaient approximatives dans ce domaine. Un essai remarquable fut réalisé, en 1773, avec la « Carte des chasses du roi », (les environs de Versailles), véritable œuvre d’art, pour le compte de Louis XV (1715-1774).

On utilisait alors le plus souvent le procédé dit de « perspective cavalière ». En 1782, Carla introduisit en France un nouveau procédé de représentation du relief, inventé en 1729 par un arpenteur hollandais du nom de Cruquius : les courbes de niveau.

La vaste entreprise de cartographie de la France, initiée en 1817, utilisa pour ce faire un système de hachures et d’ombres (estompage), mais les ingénieurs militaires chargés de la réalisation de la « Carte d’état-major » hésitèrent entre courbes de niveau et hachures.

Vers 1850, un cartographe autodidacte, Franz Schrader, mit au point son propre outil : un orographe qui retranscrivait sur le papier les lignes observées à la lunette, révolutionnant ainsi la cartographie des reliefs. Mais surtout, à partir de 1857, on entreprit un vaste programme de nivellement de tout le territoire en prenant pour base un point unique, situé à Marseille (« point zéro »).