Les archéologues ont retrouvé des traces de teinture sur tissus datant du Néolithique : il s’agit donc d’une activité très ancienne.

Au Moyen Âge, on ne connaissait encore que la teinture naturelle et un faible nombre de colorants. Les pigments utilisés étaient de deux sortes :

origine végétale :

racine de garance pour obtenir le rouge
guesde pour obtenir le bleu
pastel pour obtenir le bleu

  (plus tard, on utilisa également l’indigo)

autre origine (insectes) :

cochenille pour obtenir le rouge

Le teinturier devait préparer lui-même ses colorants en effectuant une suite d’opérations :

  • broyage des pigments

  • macération

  • filtrage

  • cuisson

  • dilution dans une grande cuve d’eau

Une fois la matière colorante obtenue, le teinturier devait procéder à la teinture proprement dite, qui comprenait plusieurs manipulations :

  • trempage

  • chauffe

  • brassage (foulage) jusqu’à ce que la couleur soit transférée sur le tissu.

Les colorants végétaux nécessitaient l’utilisation d’un « mordant » pour fixer la couleur sur les fibres textiles. Ce produit, au Moyen Âge, se présentait sous diverses formes :

  • vinaigre

  • tanin de galles de chêne (les galles étant une petite excroissance)

  • amoniac d’urine (on ventilait de l’urine pour en extraire l’amoniac)

  • potasse (carbonate de potassium)

La corporation des teinturiers s’organisa, en France, dès le XIIe siècle, sous le patronage de Saint Maurice (Saint Maurice d’Agaume, martyrisé à Rome en 303 pendant les persécutions de l’empereur Dioclétien ; sa peau noire le fit choisir comme patron par les teinturiers ; il est fêté le 22 septembre).

On distingua dès l’origine, deux sortes de teinturiers :

  • les teinturiers de bleu, autorisés à teindre seulement en bleu (puis en vert et en noir)
  • les teinturiers de rouge, autorisés à teindre en rouge (puis en jaune et orangé).

Au XIIIe siècle, on distingua également :

  • les teinturiers de grand et bon teint, autorisés à teindre les étoffes de qualité (laine, lin et soie)
  • les teinturiers de petit teint, pour les étoffes de moindre qualité.

D’après les statuts de la corporation, chaque teinturier n’avait droit de teindre dans un seul groupe de couleurs et dans un seul groupe de matière textile. En raison de leur grande consommation d’eau et surtout de la pollution qu’ils engendraient, les teinturiers se querellèrent avec presque tout le monde.

Le principal conflit fut la rivalité permanente, entretenue depuis le XIIIe siècle, avec les tisserands. Au commencement, la reine Blanche de Castille, mère du roi Louis IX (saint Louis), pendant sa régence lors de l’absence de son royal fils parti en croisade, aurait accordé à deux artisans tisserands parisiens le droit de teindre leurs tisus. Ce que contestèrent les teinturiers, dès le retour du roi. La querelle dura des siècles, jusque sous Louis XIV, avec des alternances de succès et de défaites pour les teinturiers. En 1292, une plainte de tous les teinturiers parisiens contre les tisserands aboutit favorablement. Ils gagnèrent le monopole de la couleur. Mais, en 1355, ce fut l’inverse et les tisserands reçurent le droit de teindre eux aussi.

En 1375, la corporation des teinturiers se dota de nouveaux statuts, plus clairs et plus précis.

Les techniques de préparation des couleurs et de transfert de celles-ci sur les textiles n’évoluèrent guère pendant des siècles. La principale innovation fut l’introduction de l’usage de l’indigo pour teindre en bleu. Originaire d’Inde, cette plante fut rapportée directement du sous-continent indien par les navigateurs portugais et introduite en Europe où elle fut rapidement utilisée, malgré son coût important.

Au XIIIe siècle, un chimiste allemand, Jeremias Friedrich Gülich, étudia les procédés de teinturerie et réussit à améliorer considérablement de nombreux procédés. Au XIXe siècle, avec les progrès des industries chimiques, la teinturerie industrielle (à l’aide de colorants chimiques) vit le jour et se développa rapidement, en Europe occidentale et en Amérique du Nord.