L’Église impose le célibat aux ecclésiastiques. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les premiers temps, les chrétiens élisaient ceux dont ils jugeaient la vie édifiante ou les connaissances en matière de religion suffisantes comme abbé d’un établissement religieux ou évêque d’une communauté. Une fois élus, ils continuaient à mener une vie normale. Ils se mariaient et avaient des enfants.

Parmi la longue liste des souverains pontifes, on trouve 5 papes qui ont été mariés et ont eu des enfants, sans compter l’apôtre Pierre (qui ne fut jamais pape, mais évêque de Rome), qui était marié avant de rencontrer Jésus, mais quitta son épouse pour suivre son maître. Trois papes furent mariés avant l’instauration du célibat obligatoire : Félix III (483-492), Hormisdas (514-523) et Adrien II (867-872), ce qui semblait normal aux yeux de beaucoup. Par contre, deux autres le furent, après l’interdiction, ce qui trahit une désobéissance aux lois de l’Église : Clément IV (1265-1268) et Félix V (1439-1449), quoique, pour ce dernier, l’exception est explicable : en effet, il s’agit d’un duc de Savoie Amédée VIII qui, devenu veuf, se réfugia dans son château de Ripaille, pour y mener une vie édifiante. Les cardinaux le choisirent comme pape en 1439, pour tenter de mettre fin au Grand Schisme d’Occident.

On connaît même un pape, fils de pape : Saint Silvère, fils du pape Hormisdas, fut élu le 1er juin 536 (treize ans après la mort de son père) mais ce saint homme abdiqua le 11 novembre 537, sous la pression du général grec Bélisaire, qui reprit Rome aux barbares.

La question du célibat des ecclésiastiques avait été soulevée dès le Concile de Nicée (325), mais les opinions étaient partagées. Au Ve siècle, saint Jérôme tenta de convaincre les dignitaires de l’Église. Des progrès furent accomplis avec la Réforme grégorienne, surtout sous les papes Léon IX (1049-1054) et Grégoire VII (1073-1085) qui promulgua, en 1074, une décrétale interdisant le mariage et le concubinage des prêtres. Mais les habitudes persistèrent, certains observaient les règles, beaucoup d’autres les ignoraient.

Il fallut attendre le Deuxième Concile de Latran (1139) qui publia 30 canons ; les canons 6, 7 et 8 prônaient l’interdiction pour tout ecclésiastique de se marier et d’avoir des enfants. Reprenant les prescriptions conciliaires, le pape Innocent II (1130-1143) promulgua une décrétale interdisant définitivement ces pratiques, en 1140. Dans son énorme travail de compilation, le moine Gratien reprit cette interdiction, qui figure dans son Décret, publié en 1145.