Pendant des siècles, la chronologie historique resta fondée sur la chronologie romaine, calculée depuis la fondation légendaire de Rome (la célèbre formule A. U. C. = Ar Urbe Condita, depuis la fondation de la ville).

Le pape Jean 1er (523-526) décida, en l’an 1276 des Romains (soit 523 pour nous), de doter la chrétienté d’un calendrier spécifique et confia les calculs à un moine, Denys le Petit. Celui-ci proposa, en 525 de notre ère (en 1278 à Rome) un nouveau calendrier ne comptant plus les années à partir de la Fondation de Rome, mais d’un événement majeur pour les Chrétiens, la naissance du Christ.

Prenant les textes disponibles, Denys étudia les Évangiles, confronta leurs indications avec celles des Annales romaines. Il calcula que l’Incarnation du Christ datait du 25 décembre l’an 753 de la Fondation de Rome. Le jour de la Nativité (natalis dies en latin, qui a donné Noël) fut déclaré début de l’année de l’Incarnation. Le zéro n’existant pas au VIe siècle (il n’apparut qu’au XIIe), l’an I de l’ère chrétienne coïncida avec l’an 754 de la Fondation de Rome.

Dès le Haut Moyen Âge, certains historiens chronologistes avaient exprimé des opinions différentes. Victorius d’Aquitaine effectua des calculs similaires, à l’aide des mêmes textes et rédigea, en 457 de notre calendrier, un traité intitulé « Cursus paschalis », mais il fixait la Passion du Christ en l’an 781 de la chronologie romaine (et non 786 comme l’affirmait Denys le Petit). Par conséquent, le Sauveur était né en décembre de l’année 748 (et non en 753). La différence était de 5 ans et l’ère nouvelle aurait dû commencer en l’an 749 de la Fondation de Rome, selon la formule consacrée du calendrier romain. Mais il ne fut pas suivi et les historiens adoptèrent la chronologie de Denys.

Des calculs précis, effectués de nos jours, ont déterminé qu’en fait Denys le Petit s’est trompé de 4 années. Nous ne sommes donc pas en l’année que nous croyons. Mais un calendrier est en fait une convention, établie de manière pratique pour que les gens puissent communiquer sur des bases communes.

Conséquence, les dates que nous connaissons tous par cœur (Marignan 1515, assassinat d’Henri IV 1610, etc.) sont exprimées par convention dans la continuité des calculs de Denys le Petit. Bien qu’on puisse les contester, nul ne saurait revenir dessus et utiliser un autre système chronologique, celui qui est en usage depuis douze siècles étant devenu universel et surtout naturel.