La chronologie romaine

A partir de l’instauration de la République (en 509 av. J.-C.), il fut prescrit par la loi romaine de dater les actes publics de l’année des Consuls. Les Fastes consulaires, sorte de listes régulièrement tenues à jour par les pontifes, permettaient de déterminer à quelles années correspondaient les dates ainsi exprimées. Dans la langue latine, la date se définissait à l’aide de l’ablatif absolu qui donnait le nom des consuls de l’année en cours. Par exemple, lorsque Cicéron fut consul, en compagnie de Caius (ou Gaius) Antoninus Hybrida, on écrivait : « Marco Tullio Cicerone et Gaio Antonino Hybrida consulibus, etc. » tel événement s’est produit. Et tout le monde savait que l’on était dans l’année 690 Ab Urbe Condita, depuis la fondation de Rome (donc, pour nous, en 63 avant Jésus-Christ).

En effet, il existait à Rome deux repères fixes pour compter les années : soit par rapport à la fondation de Rome (la célèbre formule A.U.C. = Ab Urbe Condita), en l’an 753 avant notre ère, exprimé dans notre système chronologique actuel, soit par rapport à l’expulsion des Tarquin (ils disaient alors « post exactos reges », l’an 509 avant notre ère) et, par conséquent, l’instauration de la République romaine. Mais, de toute évidence, ce point de départ fut abandonné sous l’Empire, les pontifes préférant célébrer la fondation légendaire de la ville éternelle par Romulus.

Le système de datation à partir de la fondation de Rome fut en usage pendant des siècles et perdura, même après l’apparition d’autres méthodes chronologiques. Il était communément utilisé par les chroniqueurs et les historiens, sous les Mérovingiens notamment dans les royaumes francs. Ainsi l’historien et chroniqueur Grégoire de Tours (538-594) utilisa ce mode de datation dans son ouvrage « Historia regum Francorum » (« Histoire des rois Francs »). Donc, c’est en s’appuyant sur ses données que toute les chronologies ultérieures furent recalculées pour établir celle que nous connaissons actuellement. Ce furent les textes historiques et les Fastes consulaires qui servirent à reconstituer notre chronologie, telle que nous la pratiquons.

Le 29 août 284 après J.-C. (date recalculée d’après notre calendrier), à la mort de Numérien, l’avènement d’un nouvel empereur, du nom de Dioclétien, mit fin officiellement à la chronologie fondée sur l’année julienne. La nouvelle ère s’appelait désormais « ère de Dioclétien ». Il ne fit aucune réforme de la structure même du calendrier et se contenta de modifier le point de départ de la chronologie officielle. Ce système ne dura qu’une vingtaine d’années.