Les eaux usées

Déjà les Romains se préoccupaient de l’évacuation des eaux usées: il existait à Rome un système d’égouts souterrains qui aboutissait à un conduit majeur, nommé Cloaqua maxima (littéralement Grand cloaque), lequel rejetait les eaux chargées d’immondices en aval dans le Tibre.

Cependant, cette notion disparut avec l’écroulement de l’empire romain et, durant tout le Moyen âge, nul ne se préoccupa de l’écoulement des eaux usées. Dans les villes, ces eaux troubles étaient quotidiennement évacuées par les fenêtres des immeubles et le tout ruisselait, à l’air libre, dans le caniveau central dont de nombreuses rues étaient dotées. Bien entendu, tout ceci n’était pas sans poser de nombreux problèmes d’hygiène (ce qui était, à l’époque, totalement ignoré de tous, et loin des préoccupations des scientifiques).

Au XVIIIe siècle, en Angleterre, on commença à se pencher sur ce problème, en raison des odeurs pestilentielles qui se dégageaient des rues des grandes villes. Il s’agissait de lutter contre plusieurs maladies, comme le choléra, la dysenterie et la fièvre typhoïde qui faisaient alors des ravages dans la population, notamment des banlieues de Londres. La Tamise était alors un gigantesque égout à ciel ouvert.

Nommé en 1849 à la Metropolitan Sewer Commission, l’ingénieur anglais Joseph Bazalgette (1819-1891) construisit, à partir de 1853, un réseau de 150 kilomètres de tunnels en briques. Les canalisations, hautes de 3 mètres et de forme ovale pour résister à la pression, permettaient de recueillir et d’évacuer les eaux usées de la plus grande ville du monde de l’époque, Londres.

Paris allait imiter la capitale anglaise. Lors de ses gigantesques travaux d’embellissement de la ville de Paris, le baron Georges Eugène Hausmann (1809-1891), préfet de la Seine de 1853 à 1870, fit réaliser un réseau d’égouts particulièrement dense, qui reproduisait, sous terre, le quadrillage des rues.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreuses villes britanniques et françaises allaient suivre cet exemple et se doter d’un réseau de canalisations souterraines. Le mouvement allait s’amplifier au cours du XXe siècle et désormais tout aménagement de quartier urbain implique la réalisation d’un réseau d’évacuation des eaux usées, en préalable à toute occupation des lieux.