Les tapisseries

Destinées à isoler les murs des résidences, afin de garder la chaleur en hiver, les tapisseries ont également joué un important rôle décoratif, voire d’affirmation de puissance politique (exemple : les « lits de justice », généralement armoriés, des XVIIe et XVIIIe siècles). Elles sont connues depuis l’Antiquité : Homère nous raconte, dans l’Odyssée, que Pénélope tissait une tapisserie le jour, qu’elle défaisait la nuit. Les Égyptiens en faisaient grand usage et les Romains en garnissaient leurs demeures. Dans le livre VIII, § 74 de son Histoire naturelle, Pline l’Ancien (23-79 après Jésus-Christ) décrit les méthodes à employer pour réaliser une tapisserie.

Au Moyen Âge, l’art de la tapisserie connut un grand essor en Europe occidentale : elles étaient nécessaires au confort des châteaux. L’historien Grégoire de Tours (538-594), dans son Histoire des rois Francs, nous rapporte que lors du baptême de Clovis par l’évêque de Reims, saint Rémi, en 496, le roi avait fait tendre des tapisseries dans la salle. Dès le XVe siècle, une tradition de confection de tapisseries se fit jour en Hainaut, en Bragant et en Artois. Les Tapisseries des Flandres connurent un grand succès dès le XVIe siècle. Mais on ne connaissait que peu de couleurs : rouge (garance), bleu (pastel ou guède) et jaune (gaude). Les progrès de la chimie firent qu’on utilisait une centaine de couleurs au XVIIe siècle (des milliers aujourd’hui).

En France, le roi François 1er (1515-1547) fonda la première manufacture royale de tapisserie en 1530, à Fontainebleau. En 1601, Henri IV (1589-1610) ouvrit un atelier dans l’enclos des Gobelins, à Paris. Colbert (1619-1683) le réorganisa en 1660 et fonda la Manufacture des Gobelins dont la réputation gagna toute l’Europe. De nombreuses autres manufactures s’ouvrirent dans le royaume de France, notamment à Aubusson (Creuse) ou encore la célèbre Manufacture de Lodève (en Languuedoc, Hérault).

De nos jours, les musées conservent quelques chefs d’œuvre :

  • Tapisserie de la Reine Mathilde, ou Tapisserie de Bayeux, réalisée à la fin du XIe siècle, conservée à Bayeux (Calvados).

  • La Dame à la licorne, réalisée à la fin du XVe siècle, conservée au Misée du Moyen Âge (Musée de Cluny), à Paris.

  • Tapisserie de l’Apocalypse, réalisée à la fin du XVe siècle, conservée au Musée du château d’Angers (Maine-et-Loire).

Au XXe siècle, les tapisseries n’ont conservé que leur fonction décorative, mais sont encore produites en nombre important et d’éminents artistes nous offrent des créations remarquables (esthétique et couleurs).