La dévotion à sainte Anne

Mère de la Vierge, grand-mère de Jésus, Anne est un personnage très important de la Bible. De nombreuses populations chrétiennes ont développé un culte particulier à son égard. Dans l’Église orthodoxe d’Europe orientale, elle occupe une place particulière.

Mais son culte fut longtemps limité à quelques sanctuaires, notamment en Italie. Ce ne fut qu’au XIIIᵉ siècle que la dévotion à Sainte Anne se répandit en Europe occidentale. Tout est venu d’un ouvrage, intitulé « La Légende dorée », rédigé par Jacques de Voragine (né vers 1228 et mort en 1298), moine prêcheur devenu archevêque de Gênes en 1292. Ce livre, écrit en latin, raconte la vie d’environ 150 saints et martyrs de la foi catholique. Il associe étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge.

Cet ouvrage connut immédiatement un immense succès et, partout en Europe, d’innombrables statues ou tableaux prirent la vie de sainte Anne comme thème principal. Les plus grands artistes, tel Le Caravage ou les peintres flamands de la Renaissance l’ont représentée. Elle est la patronne des femmes enceintes et des femmes stériles.

Si le culte de sainte Anne fut très répandu dans les derniers siècles du Moyen Âge (XIVᵉ et XVᵉ siècles), il connut son apogée au début de la Renaissance. Cependant, un certain déclin commença au cours du XVIᵉ siècle, sous l’influence de Martin Luther, qui le critiqua violemment dès 1518, prétextant qu’Anne était la « princesse des idolâtres ». Les États protestants d’Europe centrale et du Nord cessèrent leur dévotion presque aussitôt.

Le culte de sainte Anne fut introduit dans le Nouveau Monde par les missionnaires Jésuites et Récollets. De nos jours, le pèlerinage de Sainte-Anne-de-Beaupré (Québec) est fréquenté par des foules importantes.

Dès l’époque moderne, cette dévotion à la grand-mère de Jésus connut une désaffection sévère, encore accentuée au XXᵉ siècle. Sigmund Freud l’a critiquée à son tour dans ses travaux.

De nos jours, le culte de sainte Anne est encore présent en Italie (principalement à Rome, Naples et Gênes) et en Pologne. En Bretagne, dont elle est la patronne, de nombreux statues ou groupes statuaires lui sont consacrés : le principal lieu de culte reste à Auray (Morbihan), où un pèlerinage annuel attire des foules considérables.