Les marquisats de complaisance

Afin de mieux contrôler une noblesse qui cherchait sans cesse à se soustraire à l’autorité de l’État, les rois de France eurent l’idée d’élever certains petits seigneurs à un rang largement supérieur. Ainsi, les nobles se jalousaient entre eux et ne songeaient plus (ou un peu moins) à s’affranchir du pouvoir royal. La méthode de « diviser pour régner », fut remise en vigueur au XVIe siècle, dans une période particulièrement troublée par les Guerres de Religion.

A l’origine, les marquis (situés dans la hiérarchie féodale entre les ducs et les comtes) étaient des comtes chargés d’une « marche » (c’est-à-dire d’un comté en limite du royaume ou de l’empire, donc particulièrement exposé). Le  choix du souverain d’ériger une petite seigneurie en « marquisat honorifique » ou « de complaisance » relevait de son seul « bon plaisir ». Généralement, ces nouveaux marquisats étaient de faible superficie et de peu d’importance (notamment sur le plan des revenus), mais c’étaient des « marquisats ».

Ce fut ainsi que le roi Henri III (1574-1589) érigea en marquisat une toute petite seigneurie, pour un de ses courtisans, Troilus de Mesgouez, et ce fut le début d’une longue série d’opérations similaires.

  • 1576 : création du marquisat de La Roche (en Saint-Thois, Finistère), [étendue du marquisat : baronnie de Laz, seigneurie de Boutiguigneau (en Châteauneuf-du-Faou), seigneurie de Coatanmoal en Plouzévédé et seigneurie de La Roche Helgomarc’h, en Saint-Thois],
  • novembre 1616 : Vincent IV de Ploeuc de Tymeur est fait marquis par lettres patentes de la Régente Marie de Médicis (au nom du jeune roi Louis XIII). On parla de « marquis de Ploeuc » plus que « de Tymeur »,
  • 1626 : la seigneurie de Lézurec, en Primelin (Finistère) devint marquisat.

Au XVIIIe siècle, les magistrats des Parlements provinciaux se mirent, eux aussi, à créer des « marquisats » :

  • avril 1768 : érection en marquisat de la vicomté du Faou (Finistère) : le vendredi 22 avril 1768, une délégation de 6 dignitaires et greffiers de la Chambre des Comptes de Nantes arriva au Faou pour vérifier la « constance de la seigneurie ». Ils séjournèrent 6 jours chez Nicolas Magon de la Gervaisais, vicomte du Faou. Le 28 avril 1768, ils conclurent sur la réalité de la noblesse de l’intéressé et le déclarèrent « marquis ».