La commende des abbayes

Le Concordat de Bologne,  conclu le 18 août 1516, à l’issue du Concile de Latran V, entre le pape Léon X (1513-1521) et la chancelier Antoine Duprat, représentant le roi de France François Ier (1515-1547), prévoyait que le roi pouvait, en cas de vacance d’une abbaye, nommer comme « abbé commendataire »  (ou « abbé en commende ») une personne de sang royal ou un personnage « de haut rang ». Ce dernier, une fois abbé, pouvait percevoir les revenus de l’établissement ecclésiastique, en pleine et entière jouissance.

L’ambiguïté du terme « personnage de haut rang » permit, en fait, au roi de nommer abbé tous ceux dont le souverain souhaitait s’attacher la fidélité. Il lui suffisait, en cas de besoin, d’anoblir la personne choisie (ou de la nommer à une dignité plus élevée), afin qu’elle satisfasse aux critères (très théoriques) fixés par le pape.

C’est ainsi qu’en peu de temps l’essentiel des abbayes du royaume furent mises sous la coupe de personnages pas toujours scrupuleux qui n’hésitèrent pas à piller les monastères et abbayes pour s’enrichir personnellement aux détriments des moines et moniales.

D’autant que ces charges honorifiques et lucratives ne tardèrent pas à devenir héréditaires (ou sinon, ancrées dans certaines familles : ainsi, l’abbaye de Landévennec, en Basse-Bretagne, fut d’abord confiée en 1577 à un petit noble, René de Mesgouez ; à sa mort, survenue en 1580, ce fut son propre frère cadet, Troilus de Mesgouez, qui reçut l’abbaye en commende et ne se priva pas d’en tirer un maximum de profit).

Le Concordat de Bologne n’ayant jamais été dénoncé par les souverains pontifes successeurs de Léon X, cette situation dura jusqu’à la Révolution française. C’est alors que la Constitution Civile du Clergé (adoptée par l’Assemblée nationale le 12 juillet 1790) mit fin au problème.