Noblesse d’épée et noblesse de robe

La distinction entre les différentes catégories de la noblesse était essentiellement une question de mode d’acquisition de cette noblesse.

En effet, il faut distinguer la noblesse de robe, acquise depuis peu, constituée des familles de ceux qui avaient obtenu un office, dans une administration royale. Ces charges étant transmissibles de père en fils, moyennant finances (c’est ce que l’on appelait la « vénalité des offices »), au bout de quelques générations cette fonction conférait la noblesse à leur titulaire. Au XVIIe siècle, on estime à environ 7.000 le nombre de charges anoblissantes dans tout le royaume. Des juges, des conseillers, des officiers de justice se flattaient d’avoir acquis l’état de noblesse en exerçant des fonctions pour lesquelles de grandes compétences (en matière juridique ou procédurière) étaient nécessaires.

Par contre, la noblesse plus ancienne, dite « d’ancienne extraction », la véritable noblesse d’épée, dont les membres se targuaient de remonter à la féodalité ou, sinon, aux Croisades, était constituée des seuls qui avaient droit aux hauts rangs de la hiérarchie militaire. Jusqu’à la Révolution, seuls les nobles avaient accès aux commandements, que ce soit sur les vaisseaux du roi, dans l’armée de terre ou encore dans le génie et l’artillerie. Pour beaucoup, cette catégorie constituait la seule noblesse valable, car issue des premiers serviteurs des rois carolingiens, à l’époque où s’est instituée la féodalité. Héritiers de ces grands seigneurs, les nobles d’épée de la fin du Moyen Age et de la Renaissance étaient titulaires d’une seigneurie (dont ils exploitaient ou faisaient exploiter les terres et jouissaient des revenus – notamment ceux de la justice). Ne se fréquentant qu’entre gens de leur condition, ils s’efforçaient de « vivre noblement », c’est-à-dire sans travailler de leurs mains, dignement et en protégeant les habitants de leurs terres.

D’autre part, à tout moment, le roi pouvait, de son libre arbitre, anoblir qui bon lui semblait. Il promulguait alors des « lettres patentes », pour notifier à tous que telle personne avait été déclarée noble, avec tel rang (duc, marquis, comte vicomte, baron, vidame, seigneur, chevalier, juveigneur, ou simplement sire de tel endroit). Dans ce cas, on pouvait parler de « noblesse de lettres » (= lettres patentes).

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Dupuy de Clinchamps (Philippe). – La Noblesse. – Paris, Presses Universitaires de France, 1959. – In-8o, 128 p. (Collection « Que Sais-Je ? », no 830). Voir sur Gallica Acheter le livre