Les mœurs épulaires

Ce terme vient du latin epula, ae (qui désigne la table sur laquelle sont disposés les mets pour le repas) et qualifie ce qui touche aux repas et aux usages de la table.

Dans leur salle à manger (triclinium, parce qu’elle comportait trois lits inclinés autour d’une table carrée sur laquelle on disposait la nourriture), les Romains s’étendaient sur un lit pour consommer leur repas (cena) ; le nombre des convives variait de 3 (chiffre des Grâces) à 9 (chiffre des Muses).

Au Moyen Âge, dans les châteaux, il n’y avait pas de table : on dressait pour chaque repas une planche sur des tréteaux  (table amovible) ; par contre, dans les couvents et abbayes, existaient d’immenses tables fixes, pour la prise des repas en commun dans les réfectoires. Les assiettes étaient inconnues : les convives posaient leurs mets sur une épaisse tranche de pain (qui absorbait les jus et les sauces) et l’on ne disposait que de couteaux.

La « petite fourche » (ou fourchette) apparut à Byzance vers le VIIIe siècle. Elle fut importée en Italie du Nord au XIe siècle par la princesse byzantine Theodora Doukas, épouse du Doge de Venise Domenico Selvo (1071-1084). En 1574, revenant de Pologne pour monter sur le trône de France, Henri III (1574-1589) passa par Venise et découvrit cet ustensile qu’il ramena à la Cour de France. Son usage ne se répandit qu’à la fin du XVIIe siècle.

A la Renaissance, les convives se répartissaient des deux côtés de la table, se faisant face. L’usage des assiettes devint courant, surtout après les travaux de Bernard Palissy (1510-1589), à la fois potier, émailleur, céramiste, peintre, artisan verrier et écrivain, pour produire de la porcelaine en France.

Désormais, l’usage de la vaisselle devint courant et les manufactures de faïence ou de porcelaine se multiplièrent en France, avec les encouragements de Colbert (Rouen, Nevers, Limoges, Gien, Vierzon, Moutiers, Quimper, etc.). La cour du Roi-Soleil (Louis XIV 1661-1715) mit au point une étiquette rigide pour organiser les repas, non seulement du monarque, mais de tous les courtisans.

Au XIXe siècle, des « manuels de savoir-vivre » fixèrent définitivement les usages, l’art de dresser une table (ordre des couverts, nombre et capacité des verres, etc.) et distinguèrent l’art de la table « à la française » de celui « à l’anglaise », de même que « les services ».