Les fêtes des fous et mascarades

Les populations des villes et des campagnes ne peuvent se divertir des pitreries des fous de cour, à la différence des grands personnages.

Lors de certaines cérémonies (comme pour la procession de la Fête-Dieu), le fou de la ville marchait en tête du cortège et provoquait l’hilarité générale, par ses plaisanteries, ses grimaces ou ses gesticulations.

Parallèlement aux fêtes religieuses, il existait des « fêtes des fous » spécifiques, au cours desquelles on se permettait de contester l’ordre établi. Fin décembre – début janvier (c’est-à-dire vers le solstice d’hiver, lorsque les jours sont les plus courts et les plus sombres), on aimait à rappeler la fragilité du pouvoir et de la richesse, un peu comme avec les danses macabres qui se multiplièrent sur les parois intérieures des églises à partir du XIVe siècle.

L’aspect irrespectueux et le caractère souvent obscène de ces fêtes étaient (difficilement) tolérées par l’Église ; pour la doctrine officielle, la première place doit revenir aux humbles et aux pauvres ; cependant, il ne faut pas exagérer et la hiérarchie n’accepte d’être bouleversée que quelques jours par an. Le reste du temps, l’ordre des choses, l’ordre établi est voulu par Dieu et ce serait pêché de s’y opposer, autrement que par jeu, pendant quelques heures seulement.

Les dates de ces fêtes sont connues et peu nombreuses :

  • la saint Nicolas (6 décembre),
  • la Nativité (Noël, 25 décembre),
  • les saints Innocents (28 décembre),
  • la Circoncision de Jésus (1er janvier),
  • l’Épiphanie (6 janvier),
  • l’octave de l’Épiphanie (14 janvier).

En cette période hivernale, le travail est réduit ; on est donc disponible pour chahuter un peu et bousculer la hiérarchie. Au XIIIe siècle, l’organisation de ces fêtes fut à son apogée. Des auteurs rédigèrent des textes de scénettes, jouées par des jeunes clercs ou des bourgeois désireux de s’amuser. Par désir d’inverser les rôles, on se déguise et imite les grands de la Cour. Les enfants jouaient des rôles importants.

Consulter

Verdon (Jean). – Rire au Moyen Âge. – Paris, Librairie académique Perrin, 2001.