Histoire du lit

Les peuples primitifs dormaient à même le sol. Une première évolution eut lieu lorsque l’homme s’isola de l’humidité du sol en se couchant sur des peaux de bête, puis sur une natte, faîte de fibres végétales tressées.

Dans l’Antiquité, le lit apparut au IIIe millénaire avant notre ère : en Mésopotamie, en Égypte puis en Grèce on trouve des meubles à usage de lit : des cadres en bois surélevés d’environ 30 centimètres et garnis de lattes de bois ou de tresses de cordes permettaient de dormir à une certaine hauteur, bien à l’abri de l’humidité et des petites bêtes.

Chez les Romains, le lit était un meuble essentiel. Ils distinguaient :

  • le lit conjugal : cubile, is

  • le lit de malade : culcita, ae (-qui a donné « couche »)

  • le lit de repos : lectus ou lectulus

  • le lit pour manger : biclinium ou triclinium (pour 2 ou 3 convi­ves)

  • le lit de mort : sponda, ae

  • le lit réservé aux déesses : pulvinar, aris

Au Moyen Âge, dans les demeures aisées, le lit était inséré dans une structure en bois, avec un toit (baldaquin), des poteaux de soutènement et un jeu de rideaux lourds et épais, destinés à préserver la chaleur à l’intérieur du lit. Les demeures plus modestes se contentaient d’un lit en bois, assez bas, sans aucune partie supérieure, avec un simple matelas de paille.

Le lit à baldaquin resta en usage pendant la Renaissance et les Temps modernes. Les seules évolutions se firent dans le confort (épaisseur et moelleux de la literie) et le décor des rideaux et des dessus de lit. Les palais royaux furent meublés de lits somptueux, tandis que la noblesse et la bourgeoisie aisée dotaient leurs demeures, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de chambres avec lits à ciel de lit ou baldaquin. Souvent, ces chambres possédaient une alcôve, destinée à abriter le lit, ainsi mis à l’abri dans une partie plus confortable de la demeure (l’alcôve était le plus souvent située dans la partie de la pièce opposée – sinon éloignée – de la fenêtre et donc un peu mieux protégée du froid en hiver). Dans le palais royal de Versailles, on distinguait la chambre à coucher (pour le véritable repos nocturne) de la chambre d’apparat, dans laquelle le monarque se couchait ou se levait avec tout un cérémonial soigneusement établi pour symboliser la majesté et la puissance du roi.

Une forme particulière de couchage se distingue avec le lit clos en Bretagne : l’armature avec rideaux est remplacé par un coffre de bois avec portes coulissantes en bois, ajourées pour l’aération. D’autres provinces du royaume de France utilisaient des lits de formes particulières, en fonction des spécificités locales (climatiques ou autres).

D’autre part, au XVIIe siècle, les marins adoptèrent une forme particulière de couchage : le hamac, emprunté à la tribu arawak (autochtones des Caraïbes), qui présentait l’avantage de pouvoir compenser les mouvements des navires en haute mer (tangage et roulis). Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les navires furent équipés ensuite de couchettes, utilisées aussi bien par les passagers que par les membres d’équipage.

Au XIXe siècle, les baldaquins et les lits encastrés dans des alcôves aménagées dans les chambres commencèrent à décliner, puis à disparaître, au profit de lit avec parties terminales (tête et pieds) plus basses, puis en toutes sortes de matériaux : en métal d’abord, puis en bois, en matières plastiques, voire en carton formé, etc.

Le développement des chemins de fer entraîna, dans les premières années du XXe siècle, la création de trains de luxe, reliant les grandes capitales européennes à des destinations touristiques importantes ; comme ces trains mettaient plusieurs jours à parvenir à destination, ils furent équipés de couchettes, puis de véritables chambres, avec lits confortables et cabinets de toilette ; les compagnies de wagons-lits se multiplièrent (par exemple, la Société Pulmann) et permirent aux lits de devenir ainsi mobiles ; désormais, on pouvait parcourir des distances considérables, tout en se reposant dans un vrai lit.

Pendant des siècles, la position naturelle pour dormir était une pente légère (position oblique), obtenue à l’aide de gros oreillers ; la position horizontale était considérée comme la position de la mort.

Les lits clos bretons (et de nombreux autres lits régionaux), relativement courts, obligeaient leurs occupants à dormir en position presque recroquevillée. Les lits modernes (à partir du XIXe siècle), d’armature plus légère, furent fabriqués un peu plus longs, de sorte que les dormeurs prirent l’habitude (relativement récente) de dormir allongés.

Depuis le XXe siècle, les concepteurs de mobilier créent des lits de formes variées (lits superposés, lits gigognes, canapés-lits, lits ronds, lits avec matelas d’eau, etc.) et de matériaux les plus divers (même le carton est utilisé). Les décors et les couleurs laissent également le champ libre à l’imagination, parfois même la plus débridée.