Histoire de la langue française

Issue du gallo-romain (dialecte lui-même constitué d’un mélange de latin populaire et de vocabulaire gaulois), la langue française est une langue à forte connotation latine. Elle fait partie, avec l’Espagnol, l’Italien, le Roumain et le Romanche, ou encore le Portugais, du groupe des langues latines (par opposition aux langues germaniques ou slaves).

Suivant les règles universelles de la phonétique, le bas-latin de l’empire romain finissant a évolué progressivement. Le Français s’est formé peu à peu, à partir du IVe siècle de notre ère, avec l’apport de termes d’origine germanique (lors des Grandes invasions et de l’arrivée des Francs Ripuaires dans le Nord-Ouest de la Gaule, des Francs Saliens et des Alamans dans le Nord-Est, des Burgondes dans le Centre Est, bassins de la Saône et du Rhône, et des Wisigoths dans le Sud-Ouest). Langue germanique parlée par les Francs Ripuaires et Saliens, le francique a fortement influencé la bas-latin. Non seulement le vocabulaire a considérablement augmenté, mais la prononciation des termes latins par des Germains a fait évoluer les mots.

La Cantilène de Sainte Eulalie (appelée aussi Séquence de Sainte Eulalie), composée vers 880, est considérée comme le premier texte littéraire en langue romane, tandis que le Serment de Strasbourg (843) est tenu pour le premier texte en langue française.

Du IXe au XVe siècle, le français évolue lentement et se diversifie selon les régions. Les provinces septentrionales, de langue d’oil, sont plus influencées par les apports germaniques, tandis que les régions méridionales, de langue d’oc, sont plus sujettes aux réminiscences latines.

A la suite du poète François Villon (1431-1465), au XVIe siècle, la Renaissance vit un renouveau de la langue française : de nombreux écrivains et poètes comme Pierre Ronsard (1524-1585), Joachim du Bellay (1522-1560), Étienne Jodelle (1532-1573), ou encore Clément Marot (1496-1544), réunis dans le groupe de la Pléiade, enrichissent le vocabulaire de mots savants, dérivés du latin ou du grec et structurent davantage la syntaxe.

Surtout le poète François de Malherbe (1555-1628) dont Boileau disait :

« Enfin, Malherbe vint et le premier en France

sut donner à la langue son verbe et sa cadence »

dans son Art poétique, exerça une influence décisive sur la langue française.

Par l’ordonnance dite de  « Villers-Cotteret », promulguée en août 1539, le roi François 1er (1515-1547) imposa la langue française à tous les fonctionnaires du royaume de France, dans l’exercice de leurs fonctions et dans la rédaction de tous leurs actes.

En 1634, le cardinal de Richelieu (1585-1642), ministre de Louis XIII (1610-1643) fonda l’Académie française, constituée de 5 académies (Académie des Sciences, Académie de Médecine, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Académie des sciences morales et politiques et Académie française stricto sensu), chargée de codifier la grammaire de la langue française et de fixer le vocabulaire (donc, pour ce faire, d’établir un dictionnaire officiel qui ferait référence). Les lettres patentes du 29 janvier 1635 officialisèrent cette institution.

La Révolution française supprima les « académies royales » et les remplaça, en 1795, par l’Institut de France. Le 3 pluviôse de l’an XI (= le 23 janvier 1803), le Premier Consul Bonaparte restaura les 5 académies, qui furent installées, en 1805, dans l’ancien Collège des Quatre Nations, quai Conti, à Paris, où elles siègent encore actuellement.

En 1842, Pierre Larousse (1817-1875) publia son Dictionnaire, réédité depuis chaque année et sans cesse enrichi de nouveaux mots. Ce dictionnaire fait référence et a fait l’objet de nombreuses imitations, notamment par le Robert, publié pour la première fois en 1967 par Paul Robert (1910-1980) ou le Littré.

Au XIXe siècle, avec l’institution de l’école laïque, gratuite et obligatoire, en 1884, le français fut unifié dans tout le pays et contribua à répandre une culture générale dans presque tous les milieux.

De tous temps, la langue française s’est enrichie d’un grand nombre de mots en provenance de toutes sortes de langues, les plus diverses et les plus variées : kayak et anorak, empruntés aux peuples de l’Arctique, algèbre et alchimie empruntés à l’arabe, kiosque en provenance du turc, bistro venu du russe et vasistas, venu de l’autrichien… La liste est longue. Au XXe siècle, la prépondérance politique, économique et culturelle des États-Unis d’Amérique a entraîné l’invasion dans le vocabulaire courant d’anglicanismes. Les termes et expressions anglo-saxonnes sont à la mode dans tous les domaines. Parfois, il s’agit de vieux termes français, passés en Angleterre qui nous reviennent sous une forme un peu modifiée : bueget (vient de bougette, petite bourse que l’on portait à la ceinture au Moyen Âge) ou coach (entraîneur d’une équipe sportive, qui vient de cocher, conducteur de voiture à cheval) sont des exemples parmi d’autres.