Bougies, cierges et chandelles

Les premières chandelles étaient constituées d’un jonc, fendu pour éliminer la sève et enduit de graisse végétale ou animale (suif) ; on le trempe dans la graisse liquide car chauffée à température adéquate, puis on laisse refroidir afin de durcir le tout. On brûle la chandelle obtenue dans des brûle-joncs.

Au Moyen Âge, la chandelle rivalise avec la lampe à huile. Cette dernière nécessite une surveillance constante pour remplir le réservoir et rallonger la mèche, tandis que la chandelle est d’un usage plus facile. Leurs mèches enduites de suif de bœuf ou de mouton sont peu chères, mais les chandelles sont taxées. La flamme est jaune et fumeuse, le suif coule et peut brûler les doigts.

Au XIVe siècle, la bougie apparait. Originaire de la ville de Bedjaia (dénommée Bougie pendant la période coloniale française) en Algérie, ce serait la transcription en arabe (bugaya) du mot kabyle bgayet ; elle est constituée de cire d’abeille (et non plus de suif) autour d’une mèche de coton. Beaucoup plus chère que la chandelle, elle est réservée, de fait, aux hautes sphères de la société : seuls les nobles et le clergé peuvent les utiliser.

Dès le XIVe siècle on voit en France une corporation des chandeliers-ciriers-huiliers se former et réglementer la profession, placée sous le patronage de Saint Nicolas. Ainsi il est interdit de mélanger le suif de vache et celui d’un autre animal et de mettre une trop forte proportion d’étoupe au milieu de la mèche de coton.

Les chandelles les mieux faites (puis les bougies de luxe) ont un grand usage dans les établissements ecclésiastiques et lors des offices dans les églises ; ce sont les cierges, faits de matières plus fines (et plus onéreuses), dont l’industrie fut florissante tant que la pratique religieuse fut importante, en France comme dans les autres pays d’Europe.

Au XIXe siècle, grâce aux progrès de l’industrie chimique, de nouvelles matières furent utilisées pour la confection des bougies et chandelles : la paraffine, la stéarine et bien d’autres.

L’industrie chandelière est en perte de vitesse depuis le XXe siècle. Devenue inutile pour l’éclairage, la chandelle a toutefois vu un nouveau domaine d’application s’ouvrir à elle : celui des bougies (ou chandelles) d’agrément, aux formes les plus diverses, multicolores et souvent parfumées.