Histoire des cheveux

Tout au long des millénaires de l’Histoire de l’humanité, les cheveux ont toujours représenté un attribut important de la personnalité des individus. Longs ou portés court, selon la mode, ils ont tenu une place importante dans l’évolution humaine.

Dans la Bible, l’épisode de Samson et Dalila (Ancien Testament, Livre des Juges, Chapitre 16) nous enseigne que les cheveux longs étaient alors symbole de puissance et de force. Leur ablation priva Samson de ses pouvoirs. Les Romains infligeaient à leurs esclaves une marque d’infamie : ils leur rasaient entièrement la tête. Le crâne totalement rasé était ainsi un signe de reconnaissance d’un être inférieur, un esclave.

Chez les Francs qui envahirent le Nord de la Gaule au Ve siècle, une chevelure longue pour les guerriers était de mise ; Clodion le Chevelu (390-450), roi des Francs Saliens et ancêtre des Mérovingiens, était décrit par tous les chroniqueurs comme portant de longs cheveux, jusque sur les épaules.

Au IVe siècle de notre ère, la religion chrétienne fut tolérée par l’empire romain (édit de Milan, 313) : puisqu’ils ne devaient plus se cacher, l’Église imposa aux ecclésiastiques la tonsure, signe distinctif de leur appartenance au clergé mais aussi offrande d’une partie de leur pouvoir à Dieu ; on distinguait alors la tonsure « irlandaise » (selon le rite de Saint Colomba) de la tonsure « bénédictine » (selon la règle de Saint Benoît), qui finit par s’imposer.

Les chroniqueurs du IXe siècle ont longuement parlé de la chevelure remarquable de Charlemagne (768-814), décrit comme « l’empereur à la barbe fleurie ». Quelques siècles plus tard, un empereur du Saint empire romain germanique, Frédéric Ier de Hohenstaufen (1152-1190), fut qualifié du surnom de « Barberousse », en raison de la couleur de sa barbe, mais également pour son abondante pilosité. Dans les trois derniers siècles du Moyen Âge, la mode était plutôt celle des cheveux mi-longs (couvrant les oreilles, mais n’atteignant pas les épaules) pour les hommes, tandis que les chevelures féminines étaient plus longues et donnaient lieu à des coiffures élaborées (tresses, coiffes importantes, comme le hennin, etc.).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les hommes se coupaient les cheveux assez courts, mais portaient une perruque, dont les cheveux, teintés de blanc ou de gris (à l’aide de talc, de cendres ou de poudres diverses), soigneusement coiffés et noués avec un ruban (souvent de couleur noire) correspondaient à une sorte de code des valeurs ; on distinguait une perruque de militaire d’une perruque de juge ou encore de greffier d’une quelconque juridiction. Les femmes, quant à elles, ont toujours porté de longues chevelures autorisant les coiffures les plus extravagantes. Au XVIIIe siècle, surtout sous les règnes de Louis XV (1715-1774) et de Louis XVI (1774-1792) ces coiffures prirent des dimensions importantes (par exemple, on portait sur le sommet de la tête une maquette de vaisseau de la Marine de Sa Majesté).

La profession de coiffeur-perruquier s’organisa au XVIIe siècle : en 1616, elle se structura à Paris et devint florissante, tant les personnes aisées recherchaient des soins appropriés pour leur chevelure, naturelle ou factice. De nombreux salons de coiffure s’ouvrirent, aussi bien en Europe que dans les colonies de l’époque (notamment en Amérique du Nord) et les coiffeurs adoptèrent un signe distinctif, exhibé pour signaler la boutique : un cylindre blanc garni de rubans rouge et bleu.

Lors de la conquête des vastes espaces de l’Ouest américain, les colons qui tentèrent de s’installer dans de nouveaux états ou de nouveaux territoires se heurtèrent aux tribus autochtones. Les « guerres indiennes » surprirent les nouveaux arrivants avec des pratiques peu connues jusqu’alors en Europe : le scalp des combattants vaincus, porté comme trophée par le guerrier vainqueur.

Au XIXe siècle, la mode des cheveux courts pour les hommes gagna peu à peu et s’imposa dans le monde occidental. Dans les campagnes où la vie était difficile (notamment en Bretagne), les femmes vendaient leurs cheveux pour arrondir leur maigre salaire : les jours de marché, des « coupeurs de cheveux » leur coupaient grossièrement les cheveux pour les revendre à prix d’or à des fabricants de perruque.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les mouvements Rock and Roll, Beatniks, Hippies mirent à la mode les longues chevelures et les cheveux peu ou pas coiffés. Par la suite, toutes sortes de modes apparurent chez les jeunes gens et (peut-être par souci de provocation vis-à-vis des personnes plus conservatrices) gagnèrent l’ensemble des adolescents du monde entier : Afro, « à la huronne », avec parfois des inscriptions sculptées au rasoir, etc. Souvent une personnalité sportive ou médiatique peut influencer de nombreux imitateurs.

Depuis des millénaires, les cheveux sont considérés comme un symbole de puissance et de virilité pour les hommes, de séduction pour les femmes. La perte de cheveux est souvent considérée comme une catastrophe : le phénomène a engendré toute une économie (implants, shampooings, perruques, etc.).