Le casernement des gens de guerre

Pendant des siècles, le logement des soldats de métier fut un problème constant pour les dirigeants des armées. En temps de guerre, les troupes se nourrissaient en pillant les pays ennemis et se logeaient où les hommes trouvaient un toit, de préférence chez les habitants aisés. En temps de paix, le logement se faisait chez l’habitant, les soldats se répartissant par petits groupes dans les maisons des villes ou dans les villages. Les officiers, nobles pour la plupart (surtout dans les grades élevés) trouvaient gîte et couvert dans les demeures plus confortables des riches bourgeois et des petits nobles des alentours. Mais le logement chez l’habitant des mercenaires était considéré partout comme un fléau.

En confiant le soin de réorganiser son armée à François-Michel Le Tellier, comte de Tonnerre et marquis de Louvois (1641-1691), le roi de France Louis XIV (qui régna de 1661 à 1715) savait qu’il pouvait compter sur un serviteur compétent, capable de résoudre bien des problèmes.

Louvois s’intéressa très tôt à l’hébergement des troupes en période de paix. Il fit construire les premières casernes dès 1668 et inventa à cette occasion la fameuse « lucarne de Louvois » : les chambrées situées aux étages supérieurs, sous les combles (œuvres de l’architecte Mansart), étaient éclairées par des petites fenêtres (les « lucarnes ») qui apportaient de la lumière et amélioraient la salubrité des locaux.

En 1670, il ordonna la construction d’un immense complexe pour soigner les militaires blessés, « l’Hôtel des Invalides », à Paris, capable d’accueillir plusieurs centaines d’éclopés et anciens soldats. Dans la même idée, il fit couvrir le territoire du royaume d’hôpitaux militaires, destinés à abriter les nombreux démobilisés et à les soigner.

Intraitable sur la discipline, il réprima les abus des officiers et exigea de faire cesser les réquisitions, voir le pillage, qui sévissait dans les campagnes françaises, du fait de la présence sur les lieux d’un régiment de Sa Majesté.

Toutefois, le principe des « dragonnades » fut conservé, pour servir de punition lorsqu’une population désobéissait aux ordres royaux ou commettait des méfaits aux yeux du roi. Les dragons, cavaliers redoutables, particulièrement brutaux, étaient réputés pour leur mauvaise conduite. Nul ne souhaitait héberger chez soi un tel militaire, souvent aviné et irrespectueux de tout.